Alors que les violences continuent d’ensanglanter le Kenya, des pourparlers directs se sont ouverts, hier, à Nairobi entre le président Mwai Kibaki et son rival Raila Odinga, sous l’égide de l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan.
Fiefs. De son côté, le chef de l’opposition, Raila Odinga, qui conteste la validité du scrutin du 27 décembre, n’a rien lâché, affirmant que «le plus urgent» était «de régler les résultats profondément imparfaits de l’élection présidentielle». Il a, de nouveau, réclamé la levée de l’interdiction des manifestations, en vigueur depuis fin décembre.
La journée d’hier a notamment été marquée par l’assassinat dans la capitale d’un député d’opposition. Ce meurtre a immédiatement provoqué de violentes protestations dans les fiefs électoraux de Raila Odinga, à Kisumu (Ouest) et dans le plus grand bidonville de Nairobi. Au total, au moins 22 personnes ont été tuées depuis lundi soir.
Pour la première fois, hier, des hélicoptères de l’armée ont même ouvert le feu alors qu’ils survolaient des groupes rivaux à Naivasha, dans la vallée du Rift (ouest), épicentre des violences entre communautés liées à l’élection contestée du 27 décembre. Près de 1 000 personnes ont été tuées et environ 250 000 déplacées dans les violences qui ont suivi l’annonce de la victoire du président sortant, Mwai Kibaki.
«Ni loi ni ordre». Hier, les Etats-Unis se sont dits «profondément préoccupés» par les violences au Kenya et ont appelé toutes les parties à la retenue. De son côté, l’Unicef a sévèrement reproché au gouvernement kényan son incapacité à protéger les civils : «L’Etat a échoué dans sa tâche de protection. Il semble que, dans de nombreux endroits, il n’y a plus ni loi ni ordre et que des massacres à la machette se multiplient.»
Dimanche, une équipe de protection de l’Unicef venue parler à des victimes de viols dans un camp de personnes déplacées du nord de la vallée du Rift avait été prise à partie par un groupe d’une quinzaine d’hommes.
Elisabeth Byrs, porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, a souligné que le nombre de cas de violences sexuelles avait doublé au Kenya depuis le début de la crise et qu’elles frappaient aussi désormais des garçons. Sur le terrain, plusieurs cas de «circoncision de force» ont été signalés ces dernières semaines à l’encontre de membres de l’ethnie Luo, qui, à l’inverse des Kikuyus, l’ethnie du président Kibaki et la plus nombreuse du pays, ne se font pas circoncire.