Depuis le premier janvier 2008, l'emploi du mercure dans les amalgames dentaires est interdit en Norvège. Le 21 décembre 2007, le ministre norvégien de l'Environnement annonçait le bannissement de l'utilisation du mercure, y compris dans les amalgames dentaires*, faisant ainsi de la Norvège le premier pays au monde à prendre une telle décision. "Le mercure est parmi les polluants les plus dangereux. De bonnes alternatives au mercure existent déjà et il est donc approprié de mettre en place cette interdiction" déclarait le ministre de l'Environnement, Erik Solheim dans un communiqué.
Une mesure exemplaire
La nouvelle a de quoi réjouir les opposants à l'amalgame dentaire qui se battent depuis des années pour en faire interdire l'emploi. Fin 2007, la Commission européenne envisageait d'éliminer le mercure de toute préparation destinée aux soins et devait se prononcer sur le devenir du mercure en dentisterie. En prenant cette décision radicale, la Norvège va plus loin que l'Union Européenne, dont elle n'est par ailleurs pas membre, et lui adresse un message clair.
La mesure exemplaire se veut un signe fort :
"C'est un signal important à l'adresse de l'Union Européenne et des autres pays pour leur dire qu'il existe de bonnes alternatives au mercure" a précisé le ministre norvégien.
Une incitation pour les autres pays
Telle n'est pas la position des autorités françaises qui continuent de défendre l'amalgame au mercure.
"Le composite […] ne peut être considéré comme un substitut généralisé à l'amalgame" déclarait un rapport du Sénat d'avril 2001.
Pourtant, la décision de la Norvège qui n'a guère rencontré d'écho médiatique, pourrait bien faire date. En tant que premier pays au monde à prendre une telle mesure, la Norvège pourrait faire des émules. De sources autorisées, la Suède qui limite déjà l'emploi des amalgames depuis 1999, envisagerait de prendre une mesure identique.
La fin programmée de l'amalgame ?
"La mort de l'amalgame est programmée, oui mais pour quand?" écrit P. Colon sur le site de l'ADF (Association Dentaire Française). Les nombreuses controverses sur la nocivité du plombage et les risques par rapport à l'environnement rendent de plus en plus intenable la position de ses défenseurs.
S'il est évident que le mercure finira par disparaître de la dentisterie, on peut se demander combien de tonnes devront encore être posées dans la bouche des patients avant que la France et l'Europe ne se prononcent définitivement pour son interdiction.
D'après l'ADF, plus de 10 millions d'amalgames sont posés chaque jour dans les pays industrialisés, ce qui équivaut à quelques 15 tonnes de mercure insérées chaque année dans la bouche des français.
Souhaitons que des initiatives comme celles de l'Akut, association luxembourgeoise qui lançait en novembre 2007 une pétition, baptisée Appel du Luxembourg, pour faire interdire le plombage, ne hâtent cette fin programmée.
Réponse, peut-être, en 2008.
Pour autant, la fin du plombage est-elle pour demain ?
Estelle VEREECK
traduit par Maryanne Rygg
* La loi norvégienne prévoit deux cas où l'amalgame pourra continuer à être employé jusqu'en 2010 :
- les soins réalisés sous anesthésie générale
- les soins réalisés chez des personnes allergiques aux autres matériaux dentaires.
http://www.holodent.com/article-15155905.html