Les députés UMP sont vent debout contre la décision du gouvernement de suspendre l'unique variété OGM cultivée en France (maïs MON810) au nom du principe de précaution, déplorant que le Parlement ait été court-circuité.
"Ca a chauffé sur les OGM", a reconnu le patron des élus UMP Jean-François Copé à l'issue de la réunion du groupe mardi. "Il y a eu un vrai débat. Beaucoup de députés sont intervenus, dans le même sens, avec des termes courageux", en présence de François Fillon, a-t-il dit.
"Les députés UMP comprennent le compromis politique qu'est le Grenelle de l'environnement" mais ils n'acceptent pas "le renoncement scientifique", a renchéri le vice-président du groupe, Jean Leonetti.
Pour tenter de calmer les esprits, le groupe a décidé, sur proposition du président de la commission des Affaires économiques, Patrick Ollier, de mettre en place des réunions d'information avec des scientifiques.
La charge avait été lancée dès jeudi par le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer, peu habitué à contester les décisions de l'exécutif. Il a dénoncé "un nouveau procès en hérésie" et remis en cause la légitimité de la Haute autorité provisoire sur les OGM, "un comité nommé avec peut-être un peu de précipitation".
"Cela fait sept ans que les gouvernements successifs tergiversent pour transposer les directives européennes sur les OGM, refusant de trancher le débat, laissant prospérer les peurs irraisonnées et les discours dogmatiques. Il est temps que le débat revienne au Parlement !", martèle le quatrième personnage de l'Etat.
"Quand est-ce qu'on va écouter les vrais scientifiques et non plus les scientifiques militants transformés en animateurs télé ? Il y a beaucoup de données scientifiques qui concluent à l'innocuité des OGM", a renchéri le député UMP Michel Raison.
"Il est temps qu'on ait un débat au Parlement avec de vrais arguments scientifiques et pas des slogans. On fait prendre du retard à notre pays", a déclaré cet exploitant agricole qui se défend d'en faire un "problème agricolo-agricole".
Une décision "extrêmement dommageable" aussi pour Marc Laffineur: "c'est un très mauvais coup porté à notre économie et un formidable cadeau fait aux Américains".
Au Sénat aussi, les élus UMP ont mal réagi d'autant que le gouvernement a décidé de reporter sine die l'examen du projet de loi sur les OGM avant de se résoudre à le réinscrire pour le 5 février.
Sous la précédente législature, un texte sur ce sujet avait déjà été retiré en 2007 après un examen par le Sénat.
Face à ce début de fronde, le Premier ministre a mis en garde dès dimanche sa majorité en rappelant qu'elle était "engagée par les conclusions du Grenelle de l'environnement".
Le gouvernement souligne toutefois que la suspension ne constitue en rien une "opposition de principe" aux OGM ni un recul face aux pressions, avant les municipales.
De nombreux députés UMP estiment pourtant que le gouvernement a "cédé" aux "lobbyistes anti-OGM" et dénoncent la pression exercée par José Bové avec sa grève de la faim.
A l'inverse, la gauche a plutôt salué la suspension et accusé l'UMP de relayer les lobbies agricoles.
Mais au PS, certains sont tout aussi mécontents. Le député Jean-Yves Le Déaut, qui a présidé une commission d'enquête parlementaire sur les OGM, a dénoncé une "manipulation de l'opinion": "si le MON810 était dangereux pour la santé ou l'environnement, cela se saurait !".