Les marchés accueillent favorablement un rapprochement entre l'électricien français et son homologue espagnol. Même si EDF risque de surpayer les actifs.
EDF- Iberdrola, cela a énormément de sens stratégique. Mais les négociations avec les Espagnols risquent d'être longues et le prix élevé ", résumait hier Renaud Berenguier, responsable de la vente hedge funds chez Aurel.
L'enjeu pour EDF, c'est de se déployer au Royaume-Uni où il est déjà bien présent. Pour des raisons politiques, l'opérateur électricien, qui viendrait accompagné du groupe de BTP espagnol ACS, ne pourrait conserver qu'une faible part des actifs d'Iberdrola en Espagne. À supposer que le groupe récupère des miettes, " il profiterait d'un marché où les prix vont continuer à progresser dans un environnement de volumes toujours favorables, même si ceux-ci devraient être en probable décélération ", faisaient remarquer les analystes financiers du CM-CIC Securities.
Mais à quel prix ?
Sur les marchés, les intermédiaires s'attendent à ce qu'EDF paye cher. Surtout si d'autres opérateurs comme l'allemand E.ON se déclarent intéressés et si Iberdrola, qui cherche à conserver son indépendance, organise la riposte.
En outre, dans l'énergie, il y a de moins en moins d'actifs de qualité depuis qu'Endesa s'est fait racheter l'an dernier par l'italien Enel au détriment d'E.ON après une âpre bataille boursière de plus d'un an et demi. Qui plus est, EDF n'est pas présent sur la péninsule ibérique. Il n'empêche. L'électricien tricolore a les moyens de financer une telle acquisition.
FINANCER 16 MILLIARDS D'EUROS
Le groupe peut émettre jusqu'à 386,5 millions d'actions, soit procéder à une augmentation de capital de près de 25 milliards d'euros au cours actuel, sans diluer l'État français sous le seuil minimum des 70 %. Iberdrola capitalise aujourd'hui 50,7 milliards d'euros, 61 milliards avec une prime de 20 %. Reste 35 milliards à financer, en supposant qu'EDF ne rétrocède aucun actif.
Ce qui est improbable dans la mesure où les activités renouvelables d'Iberdrola doivent rester dans le giron espagnol. Ces dernières sont cotées à la Bourse de Madrid depuis décembre et valent 19 milliards d'euros.
EDF n'aurait donc à trouver, au maximum, (sans intégrer une partie de la dette d'Iberdrola) que 16 milliards. Ce qui est largement finançable. L'endettement net d'EDF est estimé à 11 milliards fin 2008 pour des capitaux propres de 30 milliards. Et ce, sans intégrer les synergies liées au rapprochement, que d'aucuns estiment à 2 % maximum de l'excédent combiné des deux sociétés. Les marchés ne s'y sont pas trompés. Depuis le 30 janvier, date où les rumeurs se sont accélérées, l'action n'a perdu que 1,5 %.
LAURENCE BOISSEAU
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