Le salon de l’agriculture ouvre ses portes ce samedi 23 février à Paris. Les acteurs du bio espèrent un geste fort du gouvernement pour encourager les exploitants traditionnels à les rejoindre. Zoom sur les perspectives d'emploi dans capital.fr
http://www.capital.fr/carriere/actualite.asp?numero=67496&Cat=CAZ Trois questions à Didier Perreol, PDG d’Euro-Nat et président de l’Agence bio.
Trois questions à Didier Perreol, PDG d’Euro-Nat et président de l’Agence bio.
Pionnier sur le segment du bio, Euro-Nat fêtera ses vingt ans en avril prochain. Son patron Didier Perreol, fils d’agriculteur, a démarré en ouvrant une petite boutique à Peaugres (Ardèche). Aujourd’hui, il pilote un groupe de 160 personnes. Fabricant et conditionneur d’épicerie sèche (châtaignes, biscuits, pâtes…) il s’est ensuite diversifié sur des produits de bien-être et le commerce équitable : le quinoa en Bolivie et le coton bio du Bénin entre autres. En 2008, Euro-nat devrait réaliser 38 millions d’euros de chiffre d'affaires, contre 33 en 2007.
Capital.fr : Comment la filière bio profite-t-elle de l’engouement pour l'écologie ?
Didier Perreol: "L’intérêt du public est grandissant. Depuis dix ans, la consommation croît de 10% à 12% chaque année. En 2006, près d’un Français sur deux consommait des produits bio au moins une fois par mois et 7% tous les jours. Mais aujourd’hui, la croissance est bridée car les agriculteurs sont peu incités financièrement à se mettre au bio. L’opération est coûteuse. Il faut stériliser les terres de tout pesticide pendant trois ans. Aujourd'hui, les terres valorisées selon ces méthodes représentent 2% de la surface agricole utile de l’Hexagone. Pourtant, je reste optimiste. De mon point de vue, il y a un bel avenir dans la filière, avec des possibilités de créer son entreprise, tant pour produire, transformer que distribuer."
Capital.fr : Comment se portent justement les emplois ?
Didier Perreol : "La filière est gourmande de main d’œuvre, puisqu’elle vise le naturel, le goût et la qualité. Des emplois de proximité se créent essentiellement en zone rurale. Ils contribuent à sauvegarder les paysages et le patrimoine. Et ils ne sont donc pas délocalisables. En plus, ils sont à durée indéterminée. En vingt ans, Euro-Nat a ainsi créé cent postes. Et nous continuons au rythme de dix embauches par an. Aujourd’hui, j’ai besoin d’étoffer mes équipes. En début d’année, j’ai embauché un nouveau gérant, et je cherche actuellement un second directeur commercial et un DG. Par ailleurs, j’ai recruté pour le service logistique, la production mais aussi le marketing et la vente. Tous les postes sont concernés (opérateurs, techniciens supérieurs, cadres, chefs de projet) car nous développons 20 à 25 produits chaque année."
Capital.fr : Votre entreprise à une forte culture éthique. Faut-il un état d’esprit particulier pour travailler chez vous ?
Didier Perreol : "Oui, mieux vaut partager nos valeurs, être sensible à ce qu’on fait, à la notion d’équité. La philosophie de l’agriculture bio, c’est de préserver la qualité de l’environnement. J’essaie de décliner ces principes en privilégiant la qualité de vie. L’entreprise située à 70 km au Sud de Lyon est proche de la nature. Nos locaux sont en chaux. Nous avons des panneaux solaires, des éoliennes, des puits de récupération d’eau de pluie. J’utilise même la technique du Feng shui pour aménager les bureaux lumineux. Nous aurons bientôt une cantine bio. Je suis souple sur les horaires. A condition que le travail soit fait. L’esprit est convivial, on organise un méchoui en été. J'explique les résultats à tous une fois par an, en février. Vous savez, il y a cinq ans, la moyenne d’âge était de 27 ans, aujourd’hui elle est de 33 ans. On aime rester chez nous."
Propos recueillis par Marie-Madeleine Sève
Les chiffres clés du Bio
-1,9 milliards d'euros de CA en 2007.
-11.640 exploitations. Leur nombre a été multiplié par cinq en dix ans.
-4900 industriels certifiés. Leur nombre a été multiplié par huit en dix ans.
-2000 magasins spécialisés dont 41% ont moins