L'Inde va se doter en juin d'un plan national contre le réchauffement climatique, a annoncé jeudi le Premier ministre Manmohan Singh qui a écarté tout objectif de réduction des gaz à effet de serre (GES) mettant en danger la croissance indienne. Le Conseil sur le changement climatique, organisme créé par Manmohan Singh , doit mettre en place un fonds pour promouvoir les technologies vertes, limiter les pertes d'énergie et combattre les conséquences du réchauffement sur les millions d'Indiens vivant dans la pauvreté.
"L'Inde est prête à s'engager à ce que ses émissions de gaz à effet de serre par habitant ne dépassent jamais la moyenne des pays industrialisés", a déclaré Manmohan Singh lors d'un sommet sur le développement durable à New Delhi.
Il a ajouté que ces émissions étaient susceptibles d'être réduites dès que les principaux pollueurs des pays développés commenceraient à réduire les leurs.
Selon les Nations unies, les émissions indiennes de C02 atteignaient 1,2 tonne par tête en 2004, contre 20,6 pour les Etats-Unis, principal pollueur mondial devant la Chine et la Russie.
Avec 1 milliard d'habitants et plus de 4% des émissions mondiales de GES, l'Inde se classe au cinquième rang des pays pollueurs et son rattrapage économique, dopé par une croissance annuelle de l'ordre de 8 à 9%, fait bondir sa consommation d'énergies fossiles.
L'INDE SOUS PRESSION
Le protocole de Kyoto dispensant d'objectif chiffré les pays en développement, l'Inde n'est pas tenue de réduire ses émissions de GES, qui augmentent de 2 à 3% chaque année.
Mais organisations écologistes et pays développés font pression sur l'Inde pour qu'elle s'engage dans l'après-Kyoto à l'occasion des négociations initiées avec la conférence de Bali, en décembre dernier.
Le nouveau plan national n'inclura cependant pas d'objectif global de réduction des GES, a-t-on appris de source autorisée.
L'Inde met en avant ses forts besoins énergétiques liés à la lutte contre la pauvreté et le fait que le stock de GES ait commencé à se constituer au moment de la Révolution industrielle, soit bien avant l'essor des pays émergents.
Singh a plaidé pour que le partage des technologies vertes soit à l'ordre du jour des négociations internationales qui, d'ici 2009, doivent préparer l'après-Kyoto.
"Au cours des deux prochaines années, le monde va devoir (...) se mettre d'accord sur une coopération qui intègre un soutien financier et technologique aux pays qui doivent s'adapter", a-t-il dit.