Réchauffement climatique, épuisement du pétrole, exodes massifs... Avec son livre, « 2030 : le krach écologique », publié aux éditions Grasset, Geneviève Ferone,du développement durable chez Veolia Environnement, , nous prévient : si nous ne faisons rien, l’avenir est noir, très noir. Vers 2030, si les tendances actuelles se poursuivent, aura lieu le grand télescopage des catastrophes : une production alimentaire insuffisante pour nourrir les 7 milliards d'êtres humains présents sur terre ; une concentration urbaine aux conséquences écologiques et sanitaires désastreuses ; une évolution irréversible du climat vers le scénario du pire ; enfin, un décalage croissant entre la production de pétrole et de gaz, en phase de ralentissement, et les besoins mondiaux d'énergie, en constante augmentation - avec la tentation, pour les pays en développement, de recourir plus largement au charbon, dont l'exploitation massive accroîtrait puissamment les émissions de gaz à effet de serre.
C’est l’histoire d’une femme ravissante qui vous annonce l’apocalypse dans un éclat de rire charmant. Un ange porteur de mauvaises nouvelles. En résumé : ça va mal finir. La planète risque de nous exploser à la figure. Pas dans un horizon lointain, mais là, maintenant, tout de suite, en « 2030 », titre de son livre. L’auteure, spécialiste des questions écologiques et du développement durable dans le monde des grandes entreprises, s’appelle Geneviève Ferone. La jeune femme, incarnant avec décontraction un mélange assez inédit de grâce et de gravité, estime que le Grenelle de l’environnement a vingt ans de retard. Prophète de mauvais augure ? Courageuse osant dire tout haut ce que personne n’a envie d’entendre ? Voyons voir...
Face au risque d'un grand télescopage des catastrophes, l'opinion publique des pays développés reste schizophrène, entre la crainte de l'apocalypse et la sauvegarde de leur mode de vie. 2030, LE KRACH ÉCOLOGIQUE de Geneviève Ferone Grasset, 288 pages, 17,90 euros.
Vers 2030, si les tendances actuelles se poursuivent, aura lieu le grand télescopage des catastrophes : une production alimentaire insuffisante pour nourrir les 7 milliards d'êtres humains présents sur terre ; une concentration urbaine aux conséquences écologiques et sanitaires désastreuses ; une évolution irréversible du climat vers le scénario du pire ; enfin, un décalage croissant entre la production de pétrole et de gaz, en phase de ralentissement, et les besoins mondiaux d'énergie, en constante augmentation - avec la tentation, pour les pays en développement, de recourir plus largement au charbon, dont l'exploitation massive accroîtrait puissamment les émissions de gaz à effet de serre.
Geneviève Ferone, qui énonce ces prédictions dans un livre limpide et documenté, connaît son sujet : aujourd'hui directrice du développement durable chez Veolia Environnement, elle avait fondé en 1997 la première agence française de notation environnementale.
Face à cet avenir parfaitement prévisible, les citoyens des pays développés sont schizophrènes : d'un côté, des médias en proie à une « gourmandise de l'apocalypse » les abreuvent d'informations alarmantes sur la fonte des glaces polaires ou la fin de la biodiversité ; de l'autre, ils ne sont nullement disposés à remettre en cause leur mode de vie. En attendant, les choses avancent - dans la mauvaise direction. En 1990, les émissions de gaz carbonique dues à l'activité humaine étaient de 27 milliards de tonnes ; en 2005, de 38 milliards de tonnes. Et même les pays signataires du protocole de Kyoto sont loin de tenir leurs engagements.
Le cap dangereux nous attend dans les vingt ou trente prochaines années. Non pas parce que la température du globe se sera déjà élevée à des niveaux catastrophiques, mais parce que, pour éviter d'atteindre ces niveaux dans la deuxième moitié du siècle, et de subir leurs conséquences (par exemple des « migrations climatiques » massives ou des guerres pour l'appropriation des ressources), ce n'est plus de 50 %, mais de 80 % qu'il faudra réduire les émissions. Aujourd'hui, prévient l'auteur, si nous voulons éviter le pire, la ressource rare, c'est le temps.
Face à la menace climatique, il faut d'abord écarter les parades illusoires. Les énergies renouvelables ? Elles ne représentent aujourd'hui que 2,5 % de la consommation mondiale d'énergie : pour qu'elles constituent une option crédible, il aurait fallu commencer à les développer un demi-siècle plus tôt. Le nucléaire, qui ne fournit que 7 % de l'électricité mondiale, ne peut résoudre, lui aussi, qu'une petite partie du problème. Les biocarburants ? Leur culture intensive, au Brésil notamment, se fait au détriment de la forêt, qui est le plus efficace des pièges à gaz carbonique. Quant aux techniques de « charbon propre », leur mise au point demandera quelques dizaines d'années - alors que la Chine ouvre actuellement une centrale au charbon par semaine.
Que faire ? Pour l'auteur, la conversion de la planète à une croissance sobre en énergie doit commencer par l'exploitation de deux énormes gisements d'économies : le bâtiment (grâce aux « matériaux intelligents », déjà disponibles, qui peuvent assurer à la fois l'isolation, la régulation de la lumière, la ventilation et la production d'énergie domestique) et les transports terrestres (moins par la conversion massive aux transports en commun que par la mise aux normes écologiques du parc automobile, associée à une utilisation plus rationnelle des véhicules). Mais la « révolution verte » exigera à la fois une régulation assurée par une autorité mondiale et la reconnaissance, de la part des pays développés, de leur « dette écologique » à l`égard des pays pauvres. Voeux pieux ? Sans doute, à moins que les opinions publiques soient mobilisées assez tôt pour accepter des efforts proportionnés à la gravité du danger.