L'investissement en capital-risque a retrouvé en 2007 des niveaux qu'il n'avait pas vu depuis l'année 2000. D'après l'indicateur Chausson finance des levées de fonds en France, le décollage du Cleantech est un des faits marquants de ce retour en forme.
Le capital-risque français semble avoir définitivement effacé le traumatisme de l'éclatement de la bulle Internet. Selon une étude publiée vendredi par la société Chausson Finance, les levées de fonds ont progressé de 18% en 2007 pour atteindre 960 millions d'euros. C'est la première fois depuis 2000 que la barrière des 900 millions est ainsi franchie.
Une performance liée à un deuxième semestre explosif avec 563 millions d'euros levés, soit 42% de plus qu'au premier semestre. "Ce sont au total 323 sociétés qui ont bénéficié de capitaux ce semestre pour un montant moyen d’investissement en croissance de 21%, à 1,7 million d’euros" explique Chausson Finance qui dresse tous les six mois le bilan du capital-risque français.
Quelques investisseurs dominent le capital-risque français
Pour Chausson Finance, "la concentration forte des investissements entre les mains des dix plus gros investisseurs reste une réalité à nouveau ce semestre", puisqu'ils représentent 51% des investissements. Leur part était toutefois plus forte en 2006 (56%).
L'investisseur le plus actif au second semestre aura été Sofinnova, avec 70 millions d'euros investis dans 28 entreprises. Suivent le fonds AGF PE avec 31 millions d'euros, et 3i France avec plus de 29 millions.
Si la santé "reste le premier secteur d'investissement et conforte même sa position" avec 148 millions d'euros levés sur le deuxième semestre, soit 26% du total, l'étude note surtout l'émergence des "cleantechs" (technologies propres, qui réduisent la consommation d'énergies non renouvelables).
Celles-ci font pour la première fois leur entrée dans l'indicateur publié tous les six mois par Chausson Finance. De 6 sociétés financées au premier semestre, le secteur est passé à 27, dont une grande majorité de françaises. Elles totalisen 63 millions d'euros, soit 11% du total des fonds levés sur le semestre. Le cleantech s'inscrit d'emblée comme le quatrième secteur privilégié par les investisseurs, devant les télécoms et derrière l'internet/e-commerce (91,6 millions d'euros levés) et les logiciels (86,8 millions).
A noter que la notion de "cleantech" s'étend en fait à toutes les énergies nouvelles, pas forcément les plus propres, puisqu'une des plus grosses levées de fonds a été réalisée par Osead (9 millions d'euros), spécialisé dans l'extraction d'hydrocarbures des sables bitumeux. Le n°2 étant Ternois SAS (5,9 millions), un fabricant de stations d'épuration. Sinon, on trouve aussi des spécialistes de l'énergie solaire, comme l'opérateur d'énergie photovoltaïque Solaire Direct (2 millions d'euros), Eurener (3,3 millions), qui fabrique des modules photovoltaïques, ou encore Panosol (1,2 million), actif dans le chauffage solaire. La biomasse n'est pas oubliée avec, notamment, le français Naskeo.
Mais l'énergie n'est pas le seul domaine suivi par les investisseurs. Skywater, qui propose des solutions de récupération d'eau de pluie à usage non alimentaire ou corporel, a ainsi reçu 2 millions d'euros. AirlnSpace, un spécialiste de la décontamination de l'air (hôpitaux, cabines d'avions...), a quant à lui levé 2,7 millions d'euros. Citons enfin des acteurs de l'agrochimie verte comme Agrauxine (1,1 million) qui fabrique des produits de Bio-contrôle. Autrement dit, des fertilisants et des phytosanitaires naturels à base de micro-organismes.