A quelques jours d'intervalle, deux articles à charge, parus dans le Figaro et dans le Monde, ont mis en cause la viabilité des éoliennes dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. En réponse aux accusation formulées par les journalistes, les ministère de l'Ecologie et du Développement durable (MEDAD), associé à l'Ademe, a jugé utile de publier une mise au point :
"En 2007, la puissance totale du parc éolien français a atteint près de 2 500 MW, plaçant ainsi la France au 3ème rang européen en termes de puissance annuelle installée, derrière l’Allemagne et l’Espagne", rappelle en premier lieu le ministère. Ces chiffres, publiés la semaine dernière par le syndicat des énergies renouvelables (SER), ne concernent que la puissance installée en 2007 . En puissance totale installée, la France occupe la 5ème place de l'UE-27 derrière l'Allemagne, l'Espagne, le Danemark et l'Italie, avec une puissance cumulée de 2454 MW.
Selon le MEDAD, cette puissance installée permettra en 2008 "d’éviter l’émission de 1,65 MT de CO2".
Le MEDAD insiste avant tout sur la nécessité de réduire la consommation d'énergie : "Avant de produire plus d’énergie, il faut avant tout réduire au maximum les besoins de consommation". Dans cette optique, il annonce que l'Ademe vient de modifier sa politique d’accompagnement des projets portant sur les énergies renouvelables : ses aides aux énergies renouvelables sont désormais conditionnées à une étude préalable d’efficacité énergétique.
D'autre part, il rappelle les chiffres publiés en début d'année par le gestionnaire de réseau (RTE) dans son "Bilan prévisionnel de l’équilibre offre demande d’électricité en France, édition 2007". Celui-ci a élaboré pour son rapport annuel plusieurs scénarios de croissance des consommations et du parc de production d’électricité en France à l’horizon 2015.
La majorité des scénarios intégraient un développement de l’éolien qui passait de 2 200 MW en 2006 à 15 000 MW en 2015.
Dans ces scénarios, une réduction nette des émissions de CO2 du système électrique est prévue entre 2006 et 2015 (entre 15 et 35 %). Selon RTE, en 2020, un parc de 25 000 MW devrait permettre d’éviter l’émission par le secteur énergétique de 16 millions de tonnes de C02 par an.
"L’énergie éolienne est certes intermittente, mais prévisible à court terme et peut contribuer significativement à l’équilibre du réseau à l’échelle du territoire", affirme le ministère, qui précise que "la variabilité de l’énergie éolienne est une réalité physique mais [que] les progrès de la modélisation et de la prévision météorologique permettent de les anticiper de mieux en mieux."
"En quelques décennies, malgré la variabilité de nos consommations électriques, les gestionnaires de réseaux électriques ont réussi à prévoir les variations de l’appel de puissance des consommateurs. Ceci en fonction d’une multitude de facteurs : jour de la semaine, heure, saison, température, humidité, etc."
D'autre part, "l’analyse du dernier bilan prévisionnel du RTE démontre que la productivité du parc éolien français est largement supérieure à la moyenne européenne."
Ce, en raison du "caractère particulièrement avantageux des régimes de vent français (deuxième gisement éolien en Europe, derrière la Grande-Bretagne)". Le secteur éolien bénéficie en effet de la présence de trois climats sur le territoire : "De ce fait, le vent souffle toujours quelque part dans l’hexagone. Les éoliennes étant déployées sur l’ensemble du territoire, elles peuvent donc continuer à approvisionner le réseau électrique nationa"l, explique le Medad.
Pour répondre à ses détracteurs, il affirme que "l’électricité d’origine éolienne ne nécessite pas une puissance équivalente en centrale thermique pour pallier ses variations."
Toujours selon RTE, un parc éolien national d’une puissance de 10 000 MW, réparti sur les trois régions climatiques, apporte la même puissance garantie que 2800 MW de centrales thermiques à flamme, évitant ainsi les émissions de CO2 associées.
Enfin, le MEDAD s'appuie sur une étude par l'Ademe des données de RTE pour avancer le chiffre de 300g/kWh : le montant des émissions que permettent d'éviter l'éolien. Cette étude doit être prochainement affinée par RTE.
La Commission de Régulation de l’Energie (CRE) prévoit par ailleurs pour 2008 une production de 5,5 TWh qui représentera donc 1,65 million de tonnes de CO2 évitées (sur un total d’émissions françaises d’environ 500 millions).
D'un point de vue financier, la montée en puissance de l’éolien se traduira, suivant les prévisions de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) du 23 janvier 2008 relatives aux charges de service public de l’électricité (CSPE) et à la contribution unitaire pour 2008, par un coût de 92M€. Soit l'équivalent d'un coût de la tonne de CO2 évitée par l’éolien estimée par le MEDAD à environ 56 €.
Par ailleurs, la CRE estime le MWh éolien à 85 € contre 68,6 € pour l’électricité du marché (+ 13 € par rapport à 2006). Le surcoût payé par EDF est donc de 16,4 € par MWh (contre 29,4 € par MWh en 2006 et 60 € par MWh en 2001).
Le MEDAD en parvient donc à la conclusion selon laquelle, sur la base de 384 TWh soumis à la CSPE, le coût de l’éolien, pour le consommateur, est de 0,024 centimes d’€ par kWh consommé. Pour un ménage français qui consomme 2 500 kWh/an (hors chauffage électrique), le coût est donc de 0,6 €/an.