«L'augmentation des prix des céréales va avoir un effet qui risque d'être catastrophique dans les pays qui ne sont pas en autosuffisance alimentaire.» Telle est la prédiction du commissaire européen à la Coopération au Développement, Louis Michel. Après avoir dit redouter un «vrai tsunami économique et humanitaire» en Afrique, il a appelé à une prise de conscience «pour qu'on échappe à un chaos, à un tsunami humain», indiquant que les fonds européens destinés à l'agriculture (production, moyens techniques, infrastructures) dans les pays en développement allaient être doublés à 1,2 milliard d'euros pour la période 2008-2013.
Si des fonds supplémentaires sont nécessaires, la seule aide au développement ne suffira pas, estime la Commission. En particulier pour enrayer les effets dévastateurs du réchauffement climatique.
Il existe «un paradoxe inacceptable, effrayant: les pays en développement sont certainement ceux qui sont le moins responsables de ces dérèglements climatiques, pourtant ce sont eux qui en subissent les plus lourdes conséquences», a souligné Louis Michel.
Les mouvements de grogne, parfois violents, se multiplient d'ailleurs dans les pays les plus pauvres de la planète qui subissent de plein fouet la hausse des prix du blé ou du riz. En Haïti, au moins quatorze personnes ont été blessées par balles mardi, lors de nouvelles manifestations en contre la cherté de la vie et la politique économique du gouvernement.
Malgré cette situation critique, les pays de l'UE ont diminué leur aide au développement en 2007. Les reculs les plus forts sont du fait de la France (0,39% du PIB en 2007, contre 0,47% en 2006) et de la Grande-Bretagne (0,36% contre 0,51%).
Pour que l'UE parvienne malgré tout à remplir ses engagements d'augmenter cette aide à 0,56% du PIB d'ici 2010 et 0,7% d'ici 2015, la Commission demande aux Etats membres de présenter des plans pluriannuels qui détailleraient année par année, d'ici ces deux dates, la hausse programmée de leur aide au développement. Les 27 devraient étudier cette demande lors d'une réunion en mai.