La lutte contre le réchauffement climatique continue de soutenir les énergies vertes en Bourse. Mais investir sur ce secteur aux multiples facettes, nécessite du doigté. D’autant que les valorisations ne sont pas bradées. Gabriel Micheli, co-gérant du fonds Pictet Clean Energy explique à capital.fr comment séparer le bon grain de l’ivraie
Capital.fr : Le marché des énergies propres est-il toujours aussi porteur ?
Gabriel Micheli :Les moteurs de ce secteur sont toujours en marche. Le changement climatique continue de faire la une des journaux et de plus en plus de pays adoptent des réglementations restrictives en matière d’émission de gaz à effet de serre. En Europe, 20 % de la production d’énergie devront ainsi être réalisés avec des énergies vertes d’ici à 2020. Le prix élevé du pétrole et la nécessité pour les pays de s’assurer une certaine indépendance énergétique militent aussi pour un développement des énergies renouvelables.
Capital.fr : L’un des grands risques de ce secteur réside dans le manque de visibilité sur l’évolution du cadre réglementaire et des subventions allouées par les Etats…
Gabriel Micheli :Il est vrai que le secteur de l’énergie solaire a récemment souffert en Bourse en raison de plusieurs doutes quant au renouvellement de réglementations favorisant cette technologie, tant en Espagne qu’aux Etats-Unis. Certains ont craint qu’une crise de surcapacité ne survienne. Mais finalement on s’achemine dans ces deux pays sur des incitations équivalentes, voire plus importantes que celles instaurées aujourd’hui. Par contre, nous restons assez prudents sur les valeurs liées à la biomasse, car rien ne dit que les Etats se montrent longtemps généreux envers une technologie qui n’est pas si efficace que cela.
Capital.fr : Quels sont les secteurs que vous privilégiez actuellement ?
Gabriel Micheli :Le thème aujourd’hui le plus porteur est celui de l’éolien. Nous jouons les fabricants de turbines comme Vestas ou Gamesa, qui offrent une grande visibilité sur la croissance de leur activité car leurs carnets de commandes sont pleins. Une « utilities », qui commande aujourd’hui une turbine doit attendre trois ans avant d’être livrée ! Dans ces conditions les prix de vente sont bien orientés. A l’autre bout de la chaîne, nous investissons aussi sur les « utilities » qui réalisent une grande partie de leur énergie à partir de l’éolien comme Iberdola ou Energias de Portugal.
Capital.fr : Les valorisations sont-elles redevenues plus raisonnables ?
Gabriel Micheli :La récente chute des marchés a particulièrement affecté les sociétés liées aux énergies renouvelables, dont la plupart avaient réalisé un beau parcours boursier en 2007 et affichaient des niveaux de valorisations élevées. Aujourd’hui, ce secteur se paie toujours plus cher que le marché, puisque notre fonds se paie 19 fois les bénéfices 2008 - contre 13 fois pour l’indice MSCI World - mais sa croissance bénéficiaire est près de trois fois plus forte.
Propos recueillis par Olivier Prévost