Les déchets et la mafia empoisonnent la vie des Napolitains

Dans la nuit de dimanche à lundi, les Napolitains ont laissé exploser leur colère. Alors que la municipalité organisait sans ciller un nouveau dimanche écologique, avec fermeture du centre-ville aux véhicules, pas moins de 90 incendies ont été allumés sur des tas d'ordures et des barrages d'immondices ont été élevés en signe de protestation

Il y a l'odeur, pestilentielle, qui provoque des troubles respiratoires et oblige à la fermeture de certaines écoles. Il y a les images, désastreuses, d'une ville poubelle qui rebute les touristes et humilie l'une des populations parmi les plus pauvres d'Europe. Et il y a le ras-le-bol d'habitants qui n'en peuvent plus de vivre dans une décharge à ciel ouvert.

Premier conseil des ministres décentralisé à Naples

Dans la nuit de dimanche à lundi, les Napolitains ont laissé exploser leur colère. Alors que la municipalité organisait sans ciller un nouveau "dimanche écologique", avec fermeture du centre-ville aux véhicules, pas moins de 90 incendies ont été allumés sur des tas d'ordures et des barrages d'immondices ont été élevés en signe de protestation.

Ces manifestations interviennent deux jours avant la tenue, à Naples, du premier conseil des ministres du nouveau gouvernement Berlusconi. Un acte symbolique décidé par le Cavaliere pendant sa campagne électorale, qui a fait de la crise des déchets de Naples une de ses "priorités absolues". La promesse a été entendue par les Napolitains, qui ont plébiscité la coalition de droite lors du scrutin d'avril dernier.

"Si l'on ne résout pas ce problème rapidement, ce sera de ma faute" (Silvio Berlusconi)

Cinq mille tonnes de déchets jonchent encore les rues de Naples, près de cinq mois après la saturation de la principale décharge de la ville. L'effort consenti depuis janvier a donc été conséquent, puisqu'au début de l'année, 110.000 tonnes d'ordures s'étaient accumulées au pied du Vésuve. Principale responsable de cette situation, la Camorra, puissante mafia locale, qui a imposé une mainmise totale sur le circuit de ramassage et de traitement des déchets depuis une douzaine d'années.

D'après les premières indiscrétions rapportées par la presse italienne, le plan "choc" de Silvio Berlusconi, qui devrait être annoncé dans les prochains jours, consisterait en l'ouverture d'une dizaine de nouvelles décharges et en une construction accélérée des incinérateurs déjà mis en chantier. Par ailleurs, l'armée devrait à nouveau venir prêter main forte aux équipes de nettoyage. En attendant, la seule sortie de crise rapide consiste en une évacuation des déchets en Allemagne, par train.

Dimanche, le nouveau chef du gouvernement italien a prévenu ses ministres : "Si l'on ne résout pas ce problème rapidement, ce sera de ma faute. Personne ne pourra dire que c'est à cause d'une mauvaise gestion du passé. Il faut se dépêcher."

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