Depuis jeudi, les investisseurs ne peuvent plus miser sur le cours de quatre matières premières agricoles. Le gouvernement indien a pris cette mesure alors que le pays fait face à une inflation rapide. Par Perrine Créquy
http://www.lefigaro.fr/matieres-premieres/2008/05/09/04012-20080509ARTFIG00535-l-inde-interdit-de-jouersur-les-aliments.php
Adieu soja, pommes de terre, pois chiche et hévéa. Les investisseurs sur le marché indien ne peuvent plus jouer la hausse ou la baisse de leurs cours. Le gouvernement indien a en effet interdit la cotation des contrats à terme, les produits financiers permettant de miser sur le prix des matières premières. Cette décision a été prise jeudi, et elle devrait s'appliquer pendant au moins quatre mois, selon les médias indiens. La mise au ban de ces contrats futures intervient alors que les prix des aliments s'envolent, et que les financiers sont accusés d'encourager cette inflation par leurs investissements spéculatifs.
Dans les boutiques indiennes, la valse des prix atteint un rythme effréné. Un rapport officiel publié vendredi indique ainsi que l'inflation a crû de 7,57% au cours de la semaine achevée le 19 avril. Une progression aussi rapide n'avait pas été enregistrée depuis quatre ans.
«Chacun pour soi et Dieu pour tous»
Benjamin Louvet affirme toutefois que «les financiers ne sont pas responsables». Gérant du fonds Prim'Univert, investi sur les matières premières, il s'interroge sur l'opportunité de la décision indienne. «Les marchés futures sur les matières premières sont utiles pour les agriculteurs, car cela leur permet de vendre leur récolte à un prix déterminé. Je ne suis pas convaincu qu'ils tireraient davantage de profits à négocier directement avec les industriels.»Il précise aussi que «face à la flambée des prix, les pays cherchent à se prémunir d'une pénurie de denrée et gonflent leurs stocks. C'est chacun pour soi et Dieu pour tous. Les stocks de blé en Inde au 1er mai dernier s'établissaient à 18,7 millions de tonnes métriques, soit 6,57 millions de tonnes de plus qu'à la même époque l'an dernier.»
L'investisseur estime toutefois qu'une éthique de la finance peut être appliquée sur le marché des matières premières. Il montre l'exemple. Il refuse ainsi d'utiliser les effets de levier, qui permettent de miser 100 unités monétaires alors qu'on n'en détient seulement 10 en portefeuille.