La voiture électrique, qui sera une des vedettes du Mondial de l'automobile, est prête affronter l'épreuve de la rue avec des commercialisations prévues dans les mois qui viennent. Reste à savoir si les infrastructures nécessaires à son essor suivront.
A l'horizon 2020, l'objectif fixé par le gouvernement français est de fabriquer deux millions de ces véhicules et de se doter d'un million de points de recharge dès 2015. On en est encore loin. "Il y a quelques centaines de bornes en France", situées dans des espaces publics, estime Ayoul Grouvel, responsable des voitures électriques chez PSA. Elles sont essentiellement implantées dans de grandes agglomérations comme Paris, Strasbourg ou Lyon, certaines participant à des programmes pilotes. Ailleurs, elles sont peu présentes et difficiles à localiser, faute d'une cartographie complète. Le plan gouvernemental, présenté en octobre 2009, prévoit 75.000 points de recharge publics (voirie, parking) en 2015. Des bornes qui devront être sécurisées pour éviter tout risque de choc électrique pour l'usager.
Se pose aussi la question du paiement de l'électricité consommée à ces bornes. Pour Thierry Koskas, directeur du projet véhicule électrique chez Renault, il serait envisageable de mettre en place un système de forfaits mensuels. Mais "dans un premier temps, les gens paieront à chaque fois qu'ils rechargent", pense-t-il, avec un coût estimé à deux euros pour un "plein". L'essentiel du temps de recharge devrait toutefois se dérouler à domicile ou au travail. Sur le million de bornes prévues par le plan national, 90% devraient être installées chez les particuliers ou dans les entreprises. Pour atteindre cet objectif, les constructeurs d'immeubles neufs avec parkings auront l'obligation dès 2012 de les doter de prises de recharge. Il en sera de même pour les parkings de bureaux à partir de 2015.
Dans les habitations existantes, il est possible de poser des bornes adaptées, mais recharger sa voiture dans son garage pourrait nécessiter une remise aux normes des installations électriques. Selon des chiffres cités par le groupe Schneider Electric, environ sept millions de ces installations seraient dangereuses actuellement en France. Brancher sa voiture sur le réseau électrique de la maison n'est pas sans inconvénient, comme le risque de faire sauter les plombs si d'autres appareils fonctionnent en même temps. L'installation d'un point de charge dédié serait plus sûre, selon Claude Ricaud, directeur de l'innovation chez Schneider Electric, pour un coût estimé à environ 500 euros. Pour assurer le meilleur fonctionnement possible des infrastructures électriques, constructeurs, équipementiers et pouvoirs publics devront aussi arriver à établir des standards communs, qui n'existent pas pour l'instant.