Débourser 500 à 600 euros pour un compteur de consommation d’énergie qui ne rapporterait que quelques euros par an ? La CGSP Bruxelles dénonce. Et réclame un débat public.
Lobby intelligent
L’Union européenne joue complètement la carte de ces compteurs intelligents. Elle impose aux États membres une analyse coûts-bénéfices d’ici 2012. Officiellement afin de voir que ces compteurs d’énergie version 2.0 profitent au consommateur. La nuance c’est que si les États n’organisent pas cette analyse coûts-bénéfices pour septembre 2012, ils devront veiller à ce qu’au moins 80 % des habitants passent aux compteurs intelligents. En Flandre comme en Wallonie, c’est chose faite et les deux régions arrivent à la même conclusion : le consommateur ne tire que très peu d’avantages du compteur intelligent. Malgré tout, il existe divers rapports qui rivalisent de créativité pour faire adopter ces compteurs. De leur côté, les syndicats FGTB et CSC dénoncent l’influence des lobbys dans ce dossier.
4 milliards pour une économie de 0,5 %
Selon une première estimation, l’installation des compteurs intelligents coûterait 2 milliards d’euros à la Flandre, 1 milliard à Bruxelles et 1,5 milliard à la Wallonie. Rappelons qu’il s’agit ici des économies d’énergie réalisées au niveau des familles et que l’industrie n’est pas concernée. « Cela représente en Belgique 31 % de la consommation d’énergie totale sur laquelle on pourrait économiser 1,5 % », fulmine Kuyl. « Autrement dit, un investissement d’au moins 4,5 milliards pour une économie totale de seulement 0,5 %. » Les gagnants de cette histoire ? « Tout d’abord les fournisseurs des compteurs en question, mais aussi les fournisseurs des logiciels qui vont avec », précise Kuyl. « Sans oublier les fournisseurs d’énergie. Grâce à ces compteurs intelligents, ils pourront en effet adapter leurs tarifs à l’heure. » Sous la pression du monde associatif, la ministre Freya Van den Bossche a laissé entendre que la mesure devait profiter aussi au consommateur. Mais quel poids son avis peut-il bien avoir ? Guido Kuyl rappelle que le spécialiste en énergie Bart Martens (sp.a) siège au conseil d’administration d’Eandis. « Cet homme défend donc une position résolument opposée puisque Eandis a développé sa propre technologie pour la transmission des données et espère bien sûr pouvoir la vendre dans toute l’Europe. Mais cela ne peut fonctionner que si tout le monde l’utilise. Ce que veut Martens, c’est donc imposer cette technologie. »
(1) En référence à l’Evangile selon Matthieu : « À celui qui a, il sera beaucoup donné et il vivra dans l’abondance, mais à celui qui n’a rien, il sera tout pris, même ce qu’il possédait. »
Thomas Blommaert