Voltalis n’en démord pas. Après une procédure engagée auprès du Conseil d’Etat, le spécialiste de l’économie d’énergie s’apprête à saisir l’Autorité de la concurrence, selon des informations publiées jeudi par le journal Les Echos. Voltalis reproche à EDF un abus de position dominante.
Cet angle d'attaque n'est pas sans rappeler celui de Solaire Direct, qui avait eu gain de cause auprès de l'Autorité de la concurrence sur des pratiques mises en oeuvre par EDF et sa filiale d'énergies renouvelables EDF ENR. Le spécialiste des panneaux photovoltaïques estimait que son concurrent profitait à la fois de l'image de sa maison mère (à travers son logo EDF Bleu Ciel) et de sa base de données de clients régulés. Constatant une « confusion entre, d'une part, le rôle d'EDF en tant que fournisseur d'électricité aux tarifs réglementés et, d'autre part, l'activité concurrentielle de sa filiale », l'Autorité avait prononcé des mesures contre EDF.
Si Voltalis envisage de saisir le gendarme de la concurrence, c'est qu'il se trouve dans une impasse. La société ferraille toujours avec EDF, les autres fournisseurs d'électricité, la Commission de régulation de l'énergie et le gestionnaire de réseau RTE sur le mode de rémunération de ses services dits d'« effacement diffus ». Au coeur du débat, cette question épineuse : lorsque Voltalis efface la consommation de ses clients, combien doit-il être payé et par qui ? Le dossier est complexe et se heurte aux impératifs contradictoires de la libéralisation du marché de l'énergie, de la maîtrise de l'énergie souhaitée par l'Etat et de la stabilité du système électrique.
Un compromis entre les acteurs du marché semblait atteint début juillet. « Mais EDF a changé de position à la dernière minute », affirme Pierre Bivas, qui accuse l'opérateur historique de vouloir l'asphyxier. D'où la décision de Voltalis de saisir l'Autorité de la concurrence. Cette procédure s'ajoute à celle engagée il y a un an auprès du Conseil d'Etat. Une audience a eu lieu le 17 septembre dernier. La décision n'est pas attendue avant la fin de l'année. De quoi tester davantage la patience des actionnaires de Voltalis, les familles Mulliez (propriétaire d'Auchan) et Coisne et Lambert (propriétaires de Sonepar), qui s'inquiètent de voir les pertes de la société se creuser. Jusqu'à présent, Voltalis n'a installé que 25.000 boîtiers. Il vise les 50.000 pour la fin de l'année.