La CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie) s'est dite "opposée" au déploiement des compteurs électriques "intelligents", censés remplacer les 35 millions de compteurs actuels. Le compteur Linky doit remplacer les boîtiers actuels d'ici à 2020. Actuellement expérimenté dans les régions de Tours et de Lyon, il relève et transmet la consommation électrique pratiquement en temps réel. "Il est inacceptable que les consommateurs supportent le coût financier de compteurs qu'ils n'ont pas demandé, qui ne répondent pas à leur information, dont la fiabilité technique n'est pas certaine et dont le principal atout est de permettre la réalisation de gains de productivité substantiels pour le gestionnaire de réseau" ErDF, dénonce la CLCV dans un communiqué.
Selon le gestionnaire du réseau d'électricité ErDF, le coût de Linky pour les consommateurs ne devrait pas dépasser un à deux euros par mois pendant 10 ans, soit au total 120 à 240 euros. "Linky va bénéficier prioritairement au gestionnaire de réseau de distribution en lui permettant de réaliser de très importants gains de productivité liés à la suppression des interventions des personnels sur le terrain pour les relevés", poursuit l'association. "Il est donc normal que les consommateurs bénéficient des gains de productivité réalisés par ErDF et que ce compteur soit mis à disposition sans frais pour faciliter une régulation de la demande souhaitée par tous", ajoute l'association.
L'association de consommateurs fait part de son assentiment quant au "principe" du déploiement de compteurs évolués mais estime être "loin du compte quant aux objectifs affichés". Compte tenu de l'emplacement des compteurs, les consommateurs ne pourront pas être "informés de leur consommation", observe-t-elle.
De fait, cet argument semble progressivement abandonné par les promoteurs du compteur Linky. Lors d'un voyage de presse en Suède, les dirigeants d'ERDF ont indiqué aux journalistes que ce compteur n'était pas destiné à faire des économies d'énergie. Lors d'une table-ronde organisée par la commission de l'économie du Sénat, Pierre-Marie Abadie (DGEC) a indiqué que les compteurs Linky "n'entraînent pas immédiatement des économies d'énergie".
La CLCV s'interroge sur les conséquences pour les consommateurs de "la possibilité technique d’avoir jusqu’à 7 tarifications différentes de fourniture et 4 tarifications". Comment cela se traduira-t-il en termes de "lisibilité et de (...) comparabilité des tarifs"? Elle pose aussi la question de systèmes concurrents "comme le boitier « Bluepod» (ndlr: Voltalis). Va-t-on laisser se développer des offres faisant double emploi?" Enfin, la question du coût reste floue, la CLCV s'interrogeant aussi sur l'impact d'un "affichage déporté (que Linky réponde à ce pourquoi il doit être installé) de l’ordre de 50 euros".
S'opposant à la généralisation des compteurs Linky, la CLCV demande une évaluation précise du coût mais également "la prise en charge financière des installations par les gestionnaires de réseau et les fournisseurs, principaux bénéficiaires", plaide pour "une expertise sur l’efficacité technique des compteurs" (et leur utilité en termes de maîtrise de la consommation ainsi que leur compatibilité "avec le développement à venir de la production décentralisée d’ENR, avant tout déploiement", sans oublier des "garanties concernant les données personnelles que transmettront ces nouveaux compteurs", dans le droit fil des recommandations de la CNIL. Elle invite également "les syndicats départementaux de l’énergie, autorités concédantes du service public de l’électricité qui perçoivent les taxes locales sur l’électricité, (à se positionner) sur ces questions qui affectent le réseau local de distribution dont ils sont propriétaires, jusqu’au domicile des particuliers".
En savoir plus
> La FNCCR a rédigé une note de position relative au déploiement des compteurs évolués.
> Un décret publié le 2 septembre au Journal officiel "rend obligatoire la mise en œuvre de compteurs «communicants» par les gestionnaires de réseaux électriques et précise le statut des données de comptage". Depuis, le gouvernement a annoncé une prolongation de l'expérimentation jusqu'au 31 mars 2011...
> ... mais le décret n'a pas été modifié. Ce qui a conduit deux syndicats d'énergie, le Syndicat intercommunal d’énergie d’Indre et Loire (SIEIL) et le Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour l’électricité et les réseaux de communication (SIPPEREC), à engager un recours gracieux auprès du Premier Ministre contre ce décret.