Le ministre de l'Energie Eric Besson a annoncé officiellement l'installation dans nos foyers de 35 millions de nouveaux compteurs électriques "communicants" Linky et cela à compter de 2013. "Je vais tout de suite lever le suspense qui n'est d'ailleurs qu'un faux suspense" s'est t'il empressé de dire aux journalistes, lors d'une conférence de presse organisée mercredi. La généralisation du compteur Linky fait ainsi suite à l'expérimentation réalisée "avec succès par ERDF" durant une année.
D'un coût estimé à 4,3 milliards d'euros, le projet devrait créer "10 000 emplois". Le calendrier précise que les installations débuteront courant 2013 "au rythme de sept millions d'appareils par année." Le Ministre précise que la conversion complète des anciens modèles devra être réalisée en 5 ans, soit à l'échéance 2018.
De son côté, l'UFC-Que Choisir a réagi à cette annonce et regrette la décision "hâtive" d'Eric Besson de généraliser les compteurs communicants, (...), dès lors que ces compteurs sont aujourd'hui "sans avantage décisif pour le consommateur et qu’ils pourraient lui coûter très cher."
Les arguments de l'association de défense des consommateurs sont les suivants :
Contrairement aux dires du Ministre, "les objectifs assignés aux expérimentations menées en Touraine et à Lyon n'ont pas été atteints." De plus selon UFC, "le planning des poses n'a pas été tenu et de nombreuses défaillances techniques ont été relevées (les compteurs sautaient un peu trop facilement et la télétransmission des données ne se faisait pas)."
Par ailleurs, toujours d'après l'UFC, contrairement à ce que la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a annoncé le 7 juillet dernier, "Linky n'a pas permis aux consommateurs, à qui a été imposée l'expérimentation, de réduire leur facture." Ce qui revient à dire que l'impact sur la maîtrise de la demande énergétique n'a pas été évalué !
Une lacune repérée et dénoncée par plusieurs associations et organismes d'Etat n'a toujours pas été prise en compte. Il s'agit pour le consommateur de connaître en temps réel sa consommation d'électricité d'une part, et de disposer d'un bilan de celle-ci sur plusieurs périodes dans le temps. Or "les fournisseurs d'électricité entendent proposer cet affichage en temps réel comme un service payant" déplore l'UFC.
Enfin, sur la notion de gratuité pour les consommateurs, "tout porte à croire que ceux-ci le paieront via le TURPE (le tarif d'utilisation du réseau public d'électricité), le prix exorbitant de l’appareil" dénonce encore une fois l'association de défense.
En effet, le coût de l'appareil se situerait entre 120 euros et 240 euros par compteur**, contre 80 euros en Italie, où il est entièrement financé par le fournisseur d'énergie Enel.
Pourtant, une étude menée pour la CRE montre que le coût supplémentaire de Linky par rapport à un scénario dans lequel on conserverait les compteurs actuels sera compensé par "les gains d'exploitation du réseau que permettra le nouveau compteur sur 20 ans ; Cela signifie que, sur 20 ans, le consommateur paiera la même chose avec Linky ou sans."
La CRE rappelle qu'actuellement les consommateurs paient déjà, dans les tarifs de réseau, "une composante de comptage, mais pour des compteurs qui donnent peu d’informations, contrairement à Linky."
Mais, pour l'UFC, pas de doute, "les vrais bénéficiaires du déploiement de 35 millions de compteurs communicants seront donc le gestionnaire de réseau qui verra notamment diminuer ses coûts de relève des compteurs, et les fournisseurs d’électricité qui pourront multiplier les offres tarifaires et taxer au prix fort le moindre dépassement."
Ce dernier réclame au gouvernement avant la généralisation des compteurs communicants, une "mise à disposition gratuite pour les consommateurs des informations permettant de maîtriser mieux sa consommation d’énergie via un affichage déporté", et, un coût de déploiement qui ne soit pas supporté par le consommateur.
** ERDF annonce que le déploiement coûtera 4 milliards d’euros soit 120 euros par compteur quand la FNCCR parle d’un budget de déploiement 2 fois supérieur