Claude Gohourou a été retrouvé. Enlevé vendredi matin par des inconnus, le président du collectif des victimes des déchets toxiques d'Abidjan Sud III a été recueilli tard dans la nuit par un passant sur la route de Grand-Bassam.
Ses kidnappeurs l'avaient abandonné dans un état d'inconscience après l'avoir ligoté et bastonné. Ce sont les informations livrées par la victime elle-même, hier, au cours d'une conférence de presse co-animée à Vridi avec le secrétaire général de la Fédération nationale des victimes des déchets toxiques, Koffi Hanon Charles. Claude Gohourou et d'autres habitants de Vridi avaient organisé une marche de protestation vendredi. Ils ont bloqué le boulevard du canal pour protester contre leur exclusion du partage des indemnités versées aux victimes des déchets toxiques. Mais, ils ont été gazés par la police. C'est par la suite que M. Gohourou a été pris alors qu'il tentait de secourir deux manifestantes étouffées par le gaz.
Il rapporte que ceux qui l'ont enlevé se sont présentés plus tard comme étant des «représentants» des renseignements généraux. Ils auraient avoué que leur acte vise à le contraindre à cesser toute déclaration et toute action de rue contre la cellule présidentielle ayant procédé au partage des 100 milliards de FCFA versés à l'Etat ivoirien par Trafigura. Ils l'ont conduit à Anani, quartier situé non loin du corridor de Port-Bouët. Dans une broussaille, loin de tout regard, ils lui ont lié les mains dans le dos et l'ont roué de coups jusqu'à ce qu'il perde conscience. Ce qui lui a valu 48 heures d'hospitalisation.
Les conférenciers ont une nouvelle fois dénoncé l'oubli des populations de Vridi III dans l'indemnisation. Dans ce quartier, ont-ils dit, les déchets continuent d'intoxiquer. «Il y a encore des restes dans le sol, et chaque fois qu'il pleut l'odeur se répand dans l'air», ont-ils rappelé. Les victimes ont sollicité l'intervention du chef de l'Etat pour la réparation de l'«injustice» qui leur est faite. Dans le cas contraire, elles promettent de redescendre dans la rue.