L'Australie a annoncé qu'elle ratifierait le protocole de Kyoto, une initiative qui isole les États-Unis à l'ouverture de la conférence de Bali sur le réchauffement climatique.
Les participants à la conférence ont chaleureusement applaudi la décision australienne.
La conférence, qui doit durer deux semaines, a pour mission de lancer des négociations destinées entre autres à mettre d'accord pays riches et pauvres sur des objectifs communs afin de parvenir d'ici fin 2009 à un nouveau traité élargissant les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixés à Kyoto.
Aussitôt après avoir prêté serment, le nouveau Premier ministre australien, Kevin Rudd, a signé lundi les documents de ratification du protocole de Kyoto, mettant fin à dix ans d'opposition australienne à ce traité.
La conférence de Bali réunit du 3 au 14 décembre environ 10.000 délégués représentant quelque 190 pays.
L'objectif d'un nouveau traité est d'élargir le protocole de Kyoto par lequel 36 pays industrialisés se sont engagés à réduire, d'ici 2008-2012, leurs émissions de gaz à effet de serre de cinq pour cent par rapport aux niveaux de 1990.
Yvo de Boer, secrétaire de l'Onu chargé des questions climatiques, a souligné que le nouvel accord devra être conclu avant la fin de l'année 2009 pour éviter qu'il y ait un blanc à la fin de la première phase du protocole de Kyoto, en 2012. Plusieurs années seront en effet nécessaires pour obtenir la ratification du document final.
"VÉRITABLE DÉFI"
Les États-Unis, critiqués par les pays en développement qui demandent aux pays riches de consentir davantage d'efforts, ne se sont pas laissés déconcerter par la décision australienne.
"Nous respectons la décision australienne", a déclaré à des journalistes Harlan Watson, chef de la délégation américaine. "Nous ne sommes pas ici pour mettre des bâtons dans les roues. Nous sommes attachés à parvenir ici à une conclusion fructueuse."
Les États-Unis sont favorables à des objectifs fixés sur une base volontaire pour combattre le changement climatique, mais ils restent ouverts à un nouvel accord, a assuré Watson, n'excluant pas des engagements légalement contraignants.
De Boer a déclaré aux délégués que les pays riches devaient accepter de supprimer les émissions dégagées par des combustibles fossiles afin d'encourager les pays pauvres à commencer à freiner leurs émissions.
Il a appelé les participants à partager les technologies d'énergies propres, notamment solaire et éolienne, et a exprimé l'espoir qu'un ordre du jour de négociations serait adopté à Bali.
Certains ont souligné la difficulté de la tâche. "Lors des cérémonies d'ouverture des discussions sur le climat à Bali, il y avait beaucoup de bonne volonté et d'optimisme, mais la route devant nous est un véritable défi", a estimé Angela Anderson, du National Environmental Trust de Washington.
Les propos de certaines délégations en donnent en effet un avant-goût. Tandis que la Chine affirmait que les pays riches doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 25 à 40% d'ici 2020, le Japon soulignait que la participation active de Pékin à un nouvel accord sur le climat est "essentielle".
La Chine et l'Inde, qui sont parmi les premiers émetteurs de gaz à effet de serre et abritent plus du tiers de la population mondiale, jugent injuste de se fixer des objectifs alors que les pays riches contribuent davantage au problème. Ils craignent en outre que la lutte contre le réchauffement ne nuise à leurs efforts pour s'extraire de la pauvreté.