De la cuisine à la salle de bains en passant par la chambre, toute la maison se met progressivement à l'ère du tout connecté, avec des appareils "intelligents" permettant d'ajuster la consommation d'énergie et d'assurer des suivis à distance. "Les appareils intelligents, ce ne sont pas des appareils qui imposent d'adopter de nouvelles routines, mais qui sont discrètement intelligents", en ajoutant à des objets d'usage familier de nouvelles possibilités, a expliqué Cédric Hutchings, le directeur général de Withings. Cette petite société française s'est fait remarquer au CES de Las Vegas avec des appareils modestes : pèse-personne, tensiomètre ou appareil de surveillance de la chambre d'enfants communiquant avec des tablettes ou téléphones. Ils peuvent ainsi transmettre, stocker et analyser les données recueillies, et même, dans le cas du "baby monitor", être commandés à distance.
Plus largement, c'est tout le secteur de l'électroménager qui s'est fait une place cette année au CES, avec en vedette le géant General Electric, présent pour la première fois depuis plus de trente ans, ainsi que l'américain Kenmore, ou encore le coréen LG : lave-linge, sèche-linge, réfrigérateur, four, chauffe-eau... tous ces appareils promettent des programmations facilitées, et surtout la possibilité de gérer au mieux la consommation d'électricité. Plus étonnant encore, la société Fulton, un équipementier pour de grandes marques, a présenté les nouvelles avancées de sa technologie eCoupled, qui annonce la possibilité de gérer des placards de cuisine comme une épicerie high-tech, grâce à des émetteurs placés dans des emballages : on apprendra sur son téléphone portable qu'on est bientôt à court de jus d'orange ou que les yaourts seront bientôt périmés. Pour Joseph McGuire, président de l'association américaine du secteur AHAM, ces innovations bénéficient "d'un grand soutien au niveau fédéral", illustré par exemple par des crédits d'impôts en faveur des appareils à la consommation modeste, mais "c'est le consommateur qui déterminera leur succès", avec les économies d'électricité pour principale motivation.
Dans les années qui viennent, quand les "compteurs intelligents" se seront généralisés et que le secteur se sera mis d'accord sur une ou deux normes communes pour faire circuler les données d'un appareil à l'autre, les fabricants promettent de développer la programmation des appareils pour éviter les pics de consommation.
Parmi les autres applications du tout-connecté, chez Kenmore et LG des appareils sont déjà équipés d'une technologie permettant au service après-vente d'analyser un dysfonctionnement ou une panne à distance, avec la transmission d'un signal sonore par téléphone, sans déplacement. Le processus de dépannage est ainsi raccourci et simplifié. LG prévoit aussi à terme de pouvoir vous prévenir par téléphone si la porte du réfrigérateur est mal fermée ou si le lave-linge s'est arrêté inopinément.
A terme, Kenmore, marque de milieu de gamme du distributeur Sears, n'exclut pas de faire démarrer ou arrêter à distance diverses machines, du séchoir au four, depuis un téléphone portable. Mais un porte-parole, Tom deSalvo, explique qu'"il y a des questions de sécurité" sur lesquelles les autorités devront se pencher : il est difficile de s'assurer de loin que le four est bien fermé ou qu'un enfant n'y a pas mis sa dînette. En revanche, dès l'an prochain, la température du four Kenmore pourra être réglée depuis la voiture ou la salle de bains, sur un téléphone, tandis qu'un aspirateur LG pourra bientôt être lancé sur le parquet pendant qu'on est au bureau, en cas de visite imprévue.