La protection de la biodiversité peut-elle être bonne pour les affaires ? La réponse est oui pour l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) qui promeut depuis longtemps ce concept et qui vient de publier « Le Temps des Entreprises Biodiversité ».
Qui sont ces entreprises? Des organisations de conservation de la nature qui ont développé de véritables activités commerciales générant des profits autour de la protection biodiversité. Ces entreprises proposent en général des produits et des services améliorant la conservation de la nature et prônant l’utilisation durable des ressources biologiques. Tout en étant souvent de taille modeste, ces entreprises particulières jouent parfois un rôle clé dans certains secteurs. Elles représentent ainsi entre 80 et 90% des acteurs du secteur de la foresterie (et 50% des emplois), plus de 95% dans le tourisme et elles sont fortement présentes dans les secteurs des produits naturels et de l’écotourisme mais aussi dans l’écoagriculture, la pêche et l’aquaculture durables, les services écosystémiques, etc. L’écotourisme se développe ainsi trois fois plus vite que les autres segments de l’industrie touristique. Parce que la conservation de la biodiversité représente aujourd’hui de véritables opportunités économiques, le programme « Business et Biodiversité » de l’UICN a voulu à travers cette étude analyser les expériences de ses membres (ONG, associations, fondations, etc.) et en tirer des enseignements pour aider ces entreprises biodiversité à être encore plus performantes.
Financée par le MEEDDAT, l’étude a identifié 80 membres de l’UICN ayant développé des entreprises biodiversité. À l’arrivée, la publication propose un fabuleux voyage dans une vingtaine de pays relatant 22 success-stories allant de prestations d’écotourisme à des produits cosmétiques naturels en passant par des guides sur la faune sauvage. Voici un petit avant-goût de ce périple à travers une sélection de trois histoires. Honduras : quand des produits capillaires naturels freinent la déforestationMopawi, une ONG qui protège la nature et les peuples autochtones de la Mosquitia (région nord-est du Honduras), a mis au point un partenariat avec Ojon Corporation, une multinationale canadienne de la cosmétique, pour développer et commercialiser des produits capillaires naturels de la région. L’huile d’ojon, présente dans tous les produits capillaires du groupe canadien, est issue du palmier batana, une espèce endémique de la région de la Mosquitia. Depuis des siècles, les Indiens Miskito ont l’habitude d’extraire l’huile des noix de batana à des fins cosmétiques. Pour améliorer leurs moyens d’existence et également sauver les forêts tropicales de l’empiètement des terres agricoles, Mopawi a développé avec Ojon Corporation une filière d’approvisionnement de l’huile d’ojon à la fois durable et rentable. Turquie : des voyages écologiques pour protéger le patrimoine naturelPour promouvoir la conservation de la biodiversité en Turquie, la Fondation TEMA a créé Biyotematur, une société organisatrice de voyages écologiques à travers le pays. Des excursions uniques sont ainsi proposées aux passionnés de la nature : découverte de la faune et flores locales, observation des oiseaux, safaris pour abeilles, etc. Biyotematur est devenu le premier organisateur de voyages écologiques en Turquie et finance de nombreux travaux de conservation de la Fondation TEMA. Costa Rica : sur la voie d’une marque de cacao durable en Amérique Centrale L’ACICAFOC, coordination paysanne et autochtone d’Amérique centrale pour l’agro-forestrie communautaire, a créé en 2006 une filière d’approvisionnement de cacao durable en Méso-Amérique. Ce réseau réunit 9000 petits producteurs allant du Belize au Panama qui produisent aujourd’hui plus de 6000 tonnes de cacao par an pour les marchés européens et américains. La mise en place de ce réseau a généré des avantages sociaux et environnementaux. Du point de vue social, un front uni permet à ces producteurs de négocier et vendre sur le marché international. Côté environnement, les producteurs ont été sensibilisés à la conservation de la biodiversité. Un point déterminant car la plupart vivent à proximité de zones de forêt à forte biodiversité. Pour en savoir plus: www.iucn.org |
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