Le groupe pétrolier détient 31% d'un champs gazier dans ce pays en proie à une dure répression. Christophe de Margerie affirme qu'un investissement dans ce pays aujourd'hui serait une provocation.
Total ne se retirera pas de Birmanie". C'est très nettement ce que déclare Christophe de Margerie, directeur général (DG) du groupe pétrolier, dans une interview au Monde daté de samedi. Total subit de fortes pressions pour se retirer de ce pays où il détient 31% d'un important champs gazier et où une partie de la population est entrée en révolte contre la junte militaire au pouvoir. Ainsi, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, a déclaré mardi que les sanctions envisagées pour faire plier la junte birmane pourraient concerner Total
Christophe de Margerie souligne, à bon droit, que "l'opposition birmane n'a pas demandé le retrait de Total lorsqu'elle a été reçue par M. Sarkozy". Il ajoute: "Aung San Suu Kyi (figure de l'opposition birmane et prix Nobel de la paix) n'a pas non plus réclamé le départ de Total ". Le DG de Total relève toutefois que "investir dans ce pays aujourd'hui, ce serait une provocation". Certaines informations laissaient penser en début de semaine à de futurs investissements du groupe dans ce pays d'Asie du sud-est.
Dans cette interview, Christophe de Margerie insiste: "il n'y a pas de travail forcé sur nos installations" et précise: "dans le passé, nous sommes intervenus lourdement auprès de la junte pour éviter les dérapages". Car, au delà du débat sur le retrait d'entreprises occidentales dans un pays aujourd'hui en proie à une dure répression, Total est depuis longtemps visé par des accusations plus directes d'accusation de travail forcé. L'entreprise a bénéficié d'un non-lieu en France mais une plainte a été réactivée en Belgique depuis le début de la crise birmane.
Total est aussi accusé de soutenir financièrement la junte. "Nous nous engageons à ce que l'argent du pétrole aille bien dans les caisses de l'Etat birman, sur des comptes officiels en Birmanie", répond Christophe de Margerie. Selon lui, l'exploitation du champs gazier aurait rapporté "350 millions d'euros à l'Etat (birman) en 2006".
Enfin, sur un autre dossier chaud, le projet gazier iranien Pars LNG, Christophe de Margerie indique qu'"il faut le revoir, ses coûts ont explosé (...) [mais] aujourd'hui, la question ne se pose pas, le contrat n'existe pas". Il reconnaît les trés fortes pressions américaines pour que ce contrat ne soit pas signé.