Le Japon a redoublé d'efforts mercredi pour tenter de convaincre la Commission baleinière internationale (CBI) d'autoriser la chasse commerciale pour des communautés de l'archipel nippon et pour remettre en cause le moratoire de 1986.
Le Japon souhaite que ses habitants vivant le long des côtes puissent chasser la baleine avec les mêmes quotas que ceux attribués aux populations autochtones, dans le cadre d'une dérogation du moratoire.
"Nous avons soumis (à la CBI) 40 documents scientifiques rédigés par des anthropologues de renommée mondiale prouvant que la chasse à la baleine au large des côtes du Japon relève complètement de la chasse de subsistance", a dit mercredi le responsable de la délégation japonaise, Joji Morishita.
Mardi, la Commission baleinière internationale (CBI), réunie en Alaska, a accepté à l'unanimité de renouveler le quota de cinq ans permettant aux populations autochtones de l'Alaska, de Sibérie orientale et des îles Saint-Vincent et Grenadines de continuer à chasser la baleine dans le cadre de la chasse dite "de subsistance". A l'ouverture lundi de la 59e rencontre des 75 pays membres de la CBI, le Japon avait proposé un compromis immédiatement rejeté par les grands pays et menacé de quitter la conférence si un accord ne pouvait être trouvé. Tokyo s'était dit prêt à renoncer à son projet de chasser cette année, à des fins "scientifiques", 50 baleines à bosse, une espèce très protégée, s'il obtenait le droit pour certaines de ses communautés côtières de chasser un nombre non déterminé de baleines Minke, un petit rorqual. Depuis 20 ans, le Japon demande que ce droit soit étendu à quatre de ses petites communautés côtières mais la CBI s'y refuse, affirmant qu'il s'agirait d'un quota commercial. M. Morishita a dénoncé l'argumentation de la CBI qui, selon lui, ferme les yeux quand des produits artisanaux à base de baleine (peau, os...) sont commercialisés "à des prix exhorbitants" notamment aux Etats-Unis. "Vendre de l'artisanat à partir de baleines n'est pas commercial, mais vendre de la viande si. Cela n'a pas de sens", a dit le représentant japonais. "La baleine fait partie de la culture culinaire des Japonais et dire au Japon d'arrêter (la chasse) n'est rien d'autre qu'une forme d'impérialisme culturel", a dit le porte-parole de la délégation japonaise Glenn Inwood. Le Japon est à la tête des pays qui font campagne pour une remise en cause du moratoire sur la chasse commerciale à la baleine. Mais une majorité des trois-quarts est nécessaire pour obtenir la levée du moratoire et, selon des experts, il est peu probable que le Japon y parvienne. Les Etats-Unis sont fermement opposés à la reprise de la chasse commerciale à la baleine. Les pro et antichasse sont quasiment à égalité au sein de la CBI. L'an dernier, les pays antichasse avaient dû céder au Japon, soutenu par l'Islande et la Norvège: l'archipel avait réussi à faire adopter à une faible majorité une résolution non contraignante signalant que le moratoire n'était "plus nécessaire". Selon ce texte, les baleines sont accusées de décimer les poissons et représentent une menace. La réunion annuelle de la CBI s'achève jeudi. Une scission n'est pas exclue et certains évoquent le départ du Japon et d'autres pays favorables à la reprise de la chasse. Le Japon est, avec les Etats-Unis, le principal contributeur de la CBI.