Novethic et l'ADEME publient aujourd'hui l'étude « Construire durable : enjeux, responsabilités et financements » qui souligne que les grands acteurs du secteur de l'immobilier et de la construction s'impliquent encore trop peu dans les impacts environnementaux de leur activité.
L'économie de l'immobilier va devoir se transformer afin que les différents acteurs, chacun à son niveau, construisent et exploitent leurs bâtiments en conformité avec les principes du développement durable. La prise en compte de ces critères par le secteur financier pourrait être la clef de la généralisation d'un immobilier durable. L'étude Novethic/ADEME recense de façon pédagogique les grands enjeux d'un immobilier durable, détaille les résultats de son enquête en terme de perception des enjeux mais aussi de performances atteintes et enfin trace les grandes lignes d'un « Investissement socialement responsable immobilier » en émergence.
La construction encore peu « durable »
Le secteur immobilier (construction, utilisation, destruction) génère des impacts considérables sur l'environnement. En France, le bâtiment est responsable de 21% des émissions de CO2, 43% de la consommation d'énergie et plus de 5% des déchets. Alors que des techniques de construction efficientes sont disponibles et pourraient permettre d'atteindre trois fois les objectifs du protocole de Kyoto par la seule action sur le bâtiment, la construction durable ne se développe pas à l'échelle industrielle.
Pour comprendre pourquoi, Novethic et l'Ademe ont réalisé une enquête exclusive auprès d'un panel d'entreprises, cotées au SBF 120 classées en quatre catégories : investisseurs, promoteurs, constructeurs et gestionnaires de parc. Cette étude montre que, dans leur ensemble, ces acteurs de la chaîne immobilière considèrent que l'immobilier durable est une question de responsabilité collective pour tous, mais si chacun semble admettre sa part de responsabilité, il ne sait pas forcément comment l'intégrer à sa stratégie. Les investisseurs et les promoteurs sont désignés comme les principaux moteurs d'une généralisation des bâtiments durables, alors qu'on met souvent l'accent uniquement sur les techniques de construction.
Le rôle clé des investisseurs
La France, longtemps en retard sur l'immobilier durable, semble amorcer un décollage dans un domaine où les expériences américaines de « green building » sont déjà nombreuses et relayées par des études d'évaluation des impacts environnementaux et de leur valorisation financière. Cette dimension est la clef de l'intégration de critères environnementaux et sociaux par les gestionnaires de portefeuilles immobiliers.
Au-delà des outils classiques relevant directement de la réglementation, la performance énergétique des bâtiments semble un indicateur crucial. Elle a un impact financier puisqu'elle tend à réduire la facture de consommation énergétique et permet d'anticiper sur les règlementations concernant la limitation des émissions de gaz à effet de serre. C'est en jouant sur ce paramètre que la France peut espérer réaliser le facteur 4 c'est-à-dire la division par 4 des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050.
Le 1er baromètre sur l'éco-performance des bâtiments
Novethic et l'ADEME proposent le premier « baromètre de l'information sur l'éco performance des bâtiments ». Ce baromètre, en phase test, permet d'évaluer la qualité de l'information, fournie à leurs parties prenantes, par les entreprises du SBF 120 concernées par l'immobilier. Il porte sur les informations liées à la performance énergétique des bâtiments telles qu'elles figurent dans les principaux supports de reporting des sociétés du panel à fin 2006, en mettant l'accent sur les indicateurs, les bonnes pratiques et le niveau d'information produit.
Aucune entreprise n'atteint le meilleur niveau de l'échelle ainsi établie qui en compte 4 et plus de la moitié propose une information insuffisante. Les reportings les plus aboutis émanent des gestionnaires de parc immobilier que sont Carrefour et Accor et d'un constructeur, Saint-Gobain. Les performances des investisseurs et promoteurs sont très en deçà puisqu'aucun d'entre eux n'atteint le niveau 3. L'amélioration de leur reporting est un signe à suivre pour voir dans quelle mesure la sphère financière contribue à l'émergence d'un immobilier durable.