L’un des réservoirs naturels les plus importants de dioxyde de carbone (CO2) de la planète, l’océan Austral, ne parvient plus à absorber autant de carbone qu’avant. Les chercheurs prévoient des taux de plus en plus élevés de CO2 dans l’atmosphère et des températures plus élevées.
Les puits naturels de carbone de la planète absorbent à peu près la moitié des émissions de GES produites par les humains. L’océan Austral est l’un des plus grands réservoirs de carbone, absorbant jusqu’à 15% des émissions de CO2. Les gaz se dissolvent à la surface de l’océan et se déposent dans les profondeurs plus fraîches de l’eau où ils sont emprisonnés beaucoup plus longtemps qu’à la surface.
Les chercheurs ont surveillé pendant 24 ans les taux de CO2 autour de la planète pour observer comment les émissions étaient piégées par les réservoirs naturels. «Nous avons découvert que la capacité d’absorption de l’océan Austral n’avait pas changé au cours de toutes ces années», indique Mme Le Quéré. «C’est étonnant parce que durant la même période, les émissions de C02 ont augmenté de 40%. Nous pensions que la capacité du réservoir augmenterait de la même façon.»
Depuis 1958, le réchauffement des températures a augmenté la force des vents sur l’océan Austral. Ces vents importants ont malaxé les eaux profondes et superficielles et ont fait remonter à la surface le carbone qui a été relâché dans l’atmosphère.
L’augmentation de la force des vents sur l’océan Austral est attribuable à deux facteurs. D’abord, l’amincissement de la couche d’ozone dans la couche supérieure de l’atmosphère entraîne une modification de la température en Antarctique. Deuxièmement, les changements climatiques récents ont réchauffé davantage les Tropiques que l’océan Austral. Ces deux phénomènes ont perturbé la circulation atmosphérique au-dessus de l’océan Austral et provoqué des vents importants. En présence de ces vents, les nouvelles émissions de CO2 produites par les humains tendent à rester à la surface de l’océan plutôt qu’à se loger dans les profondeurs marines comme elles avaient l’habitude de le faire. «La situation devient de plus en plus préoccupante parce que la majorité des organismes marins affectés par l’acidification des océans causée par les CO2 vivent à la surface de l’eau», conclut Mme Le Quéré.