Le sommet qui réunit cette semaine, au nord de l'Allemagne, sur les bords de la Baltique, les dirigeants des plus grandes puissances économiques mondiales s'annonce particulièrement délicat. Les « grands de ce monde » n'échapperont pas aux questions qui fâchent. C'est sur la lutte contre le réchauffement climatique que l'affrontement entre l'Europe et les Etats-Unis risque d'être le plus rude.
Forte de sa double présidence, de l'Union européenne et des huit pays les plus industrialisés, la chancelière allemande Angela Merkel souhaite faire inscrire dans une déclaration commune des pays membres du G8, responsables à eux seuls de 40 % des émissions de gaz à effet de serre, l'engagement à les réduire de moitié d'ici à 2050.
Objectif nécessaire, estiment les scientifiques, pour contenir le réchauffement climatique à + 2° C, ce qui aurait déjà des conséquences dramatiques pour certains pays africains. Mais on connaît l'hostilité de George Bush à toute idée de contrainte en la matière, même si l'opinion publique américaine est aujourd'hui plus sensible à la menace que le réchauffement climatique fait peser sur l'avenir de la planète.
Le président américain continue, en effet, d'opposer aux signataires du protocole de Kyoto l'idée que la recherche et les progrès de la science finiront bien par apporter une réponse à ce défi majeur. Pari risqué ! Pour l'heure, les Etats-Unis se refusent officiellement à limiter leur croissance économique, avec cet argument que, demain, l'Inde, la Chine, et à un degré moindre le Brésil, en pleine expansion, rejoindront à leur tour les puissances les plus polluantes.
D'où l'idée évoquée voici quelques jours par le chef de la Maison-Blanche, en guise d'ouverture, de substituer à ce protocole un élargissement des négociations aux 15 pays les plus industrialisés. Une perspective intéressante si elle ne se limitait à fixer, pays par pays, « un objectif global à long terme » non chiffré là où, du point de vue européen, l'urgence est à l'adoption de mesures contraignantes.
Ce sommet sera pour le nouveau président français une sorte de baptême du feu. Au soir même de son élection, le 6 mai dernier, Nicolas Sarkozy déclarait que le réchauffement climatique serait « le premier combat de la France ». A Heiligendamm, les termes de son soutien à Angela Merkel diront la mesure de sa détermination face à « l'ami américain ».
Edito du 7 juin 2007. Pèlerin n°6497 |
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