La plupart des usagers de l'UE pourront choisir librement leurs fournisseurs d'électricité et de gaz à compter de dimanche, mais les opérateurs historiques nationaux devraient rester omniprésents malgré cette concurrence accrue, au grand dam de Bruxelles.
Par Par Catherine MARCIANO
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La Commission européenne, qui dénonce sans relâche les complexes entraves à la concurrence dans le secteur énergétique, n'a programmé aucun événement pour marquer la date phare du 1er juillet, qui marque pourtant l'apothéose d'un long processus.
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La France, dans le clan des pays plutôt récalcitrants, avait alors réussi à retarder cette libéralisation à juillet 2007. Bruxelles préconisait juillet 2005.
"Presque tous les clients en électricité et en gaz à travers l'Europe auront le droit en juillet de choisir leur fournisseur", s'est félicité récemment le commissaire à l'Energie Andris Piebalgs.
"Mais les marchés restent obstinément nationaux, le commerce transfrontalier est difficile et limité, et bien trop de clients ont peu ou pas de véritable choix compétitif pour leur fournisseur", a-t-il néanmoins résumé.
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Les nouveaux entrants se sont multipliés dans certains pays, surtout côté commercial, avec un bilan mitigé. Ils survivent difficilement s'ils ne produisent pas de l'énergie ou ne sont pas adossés à un grand groupe, indiquent plusieurs études.
Dimanche, presque tous les marchés de l'électricité et du gaz en Europe devront accepter de nouveaux intervenants, à l'exception du Portugal, de la Grèce, de Chypre et de l'Estonie qui ont obtenu certaines dérogations. Une ouverture qui suit celle effective depuis déjà trois ans pour les clients professionnels.
La Commission européenne doit désormais annoncer en septembre un nouveau train de propositions législatives pour libéraliser davantage le marché.
Elle voudrait scinder le "patrimoine" des producteurs d'énergie et des gestionnaires des réseaux de distribution d'énergie, afin de favoriser les investissements et l'entrée de nouveaux acteurs.
Mais cette proposition conduirait de fait à casser les grands monopoles nationaux. Et elle a été rejetée par une majorité des 27 ministres chargés de l'Energie réunis début juin à Luxembourg.
Pour autant, huit pays européens (Danemark, Belgique, Pays-Bas, Finlande, Roumanie, Espagne, Suède, Royaume-Uni) sont revenus à la charge, en défendant cette séparation patrimoniale dans une lettre de soutien envoyée vendredi au commissaire européen à l'Energie.
Dans nombre de pays de l'UE, ces activités sont déjà séparées. Mais la France en particulier y reste très hostile.
Dans un rapport particulièrement cinglant sur "les sérieux problèmes de concurrence" du secteur énergétique européen, la commissaire à la Concurrence Neelie Kroes (à l'origine de cette proposition de scission) a fustigé en janvier "la trop forte concentration de la plupart des marchés nationaux" et "une absence de transparence de l'information conduisant à une méfiance sur les prix".
Elle a aussi brandi la menace de nouvelles sanctions à l'encontre des entreprises nationales et des Etats membres freinant la libéralisation.
Seize "avis motivés" ont déjà été lancés contre des Etats, ultime étape avant une saisine de la Cour européenne de justice.