Serge Robiaille, président de la « Cuma innovation » du Calvados, et Etienne Feels, l'animateur de la fédération départementale des cuma du Calvados devant la presse mobile de colza.
Ils présenteront leur démarche à leurs collègues lors de la réunion départementale des cuma du Calvados prévue en ce début de semaine.
Les agriculteurs du Calvados construisent en commun une usine miniature pour presser le colza. Tirée par un tracteur, elle sillonnera le département.
Une cinquantaine d'agriculteurs du Calvados, adhérents de la coopérative d'utilisation de matériel agricole départementale « Cuma innovation » réfléchissent à la mise au point d'une presse à graines de colza performante itinérante, depuis deux ans. Ils ont poursuivi leur réflexion avec le Centre d'initiation aux énergies renouvelables de Montchauvet. Sa configuration doit répondre à de grandes exigences techniques. Elle doit être miniature. Il s'agit de l'installer sur un plateau aux dimensions telles, que tracteur et remorque ne soient pas considérés comme un convoi exceptionnel. « Il nous fallait imaginer un système pratique pour les agriculteurs, capable de fournir une huile très propre conforme à l'utilisation comme carburant, fournissant un tourteau de colza, le moins riche possible en huile, pour être consommé avec le maximum d'appétence par les animaux d'élevage », explique Serge Robiaille, éleveur à Sept-Frères, président de la Cuma
innovation.Côté pratique, les agriculteurs intéressés ne feront qu'un seul voyage. La récolte commencera aux alentours du 15 juillet. Une vis sans fin à l'arrière du plateau, montera dans un réservoir de 20 m3
le contenu de la remorque de graines de colza. Les agriculteurs-concepteurs, ont opté pour un trieur de semences à hautes performances de faible encombrement, muni d'un compresseur pour éliminer les poussières. La presse entrera alors en action en brassant en continu le colza. Elle sera capable de presser 5 tonnes de colza en 24 heures. Un filtre vertical à cartouche, également de faible encombrement, fignolera le travail, pour fournir une huile végétale pure, compatible au fonctionnement des moteurs de tracteurs.Autonomie maximaleLe bâti de la remorque, la cuve de réception des graines ont été fabriquées par les Etablissements Lair, près de Saint-Hilaire-du-Harcoüet, dans la Manche. Le
montage des matériels est actuellement effectué dans l'enceinte des Etablissements Bouvet à Saint-Sever-Calvados. Un soin particulier sera porté aux différents câblages électriques indispensables et à la mise en place du réseau d'alerte téléphonique pendant les opérations de pressage. « Nous avons prévu d'embaucher un salarié pour le transport de l'engin, l'organisation du chantier, la maintenance générale. »Les agriculteurs ont prévu d'installer l'engin dans cinq points du département. L'investissement consenti est de 186 000 €: « 150 à 200 hectares
sont engagés. Les machines peuvent traiter 400 hectares
de colza par an pour produire environ 400 000 litres
d'huile ». Pour l'agriculteur, le coût de revient de ce carburant vert est de 45 centimes d'euros le litre d'huile. À la Cuma
innovation du Calvados « l'opération est rentable. En outre les éleveurs auront la garantie d'avoir des aliments complémentaires produits localement ».François LEMARCHAND.