TGV : 1,2 kg de CO2 par voyageur. Le TGV, quand il roule, n'émet presque rien. C'est la façon dont est produite l'énergie qu'il consomme qui donne son bilan carbone. Pour ses calculs, la SNCF s'appuie sur la seule énergie EDF, extrêmement faible en CO2 puisque d'origine nucléaire à 80 % et hydraulique entre 10 % et 15 % : «Nous avons retenu le mix EDF calculé par l'Ademe.» Donc le bilan carbone du TGV est forcément flatteur.
Il fut un temps où la SNCF utilisait l'électricité de ses barrages. Aujourd'hui, elle ne s'interdit pas d'acheter son énergie ailleurs que chez EDF. Elle aurait conclu en mars 2006 un énorme contrat d'électricité (6,6 TWh sur cinq ans, alors que sa consommation annuelle est de 8,6 TWh) avec la Snet (Société nationale d'électricité et de thermique). L'électricité de cette ex-filiale de Charbonnages de France, détenue par l'Espagnol Endesa, est produite pour une bonne part dans des centrales thermiques, qui crachent du CO2. La SNCF refuse de s'exprimer sur cette information : «C'est une "fuite" que nous n'avons ni confirmée, ni infirmée.»
Le TGV émet, selon les chiffres fournis par la SNCF, 2,6 g de CO2 par voyageur et par kilomètre. Ce chiffre est calculé sur la base d'une rame contenant 341 voyageurs (une rame classique compte 377 places et on entasse jusqu'à 516 voyageurs dans une rame duplex, soit autant que dans un gros Boeing). La ligne TGV fait 450 kilomètres ; elle est plus courte de 56 kilomètres que la ligne classique.Péniche 2,46 kg
Péniche Freyssinet : 2,46 kg de CO2 par personne à bord. Paris-Strasbourg en péniche au mois d'août, pourquoi pas ? Comme la vitesse est limitée sur les canaux à 16 km/h, l'efficacité énergétique du fluvial est excellente. Les émissions de carbone se situent bien en dessous de la moitié du transport routier. Une péniche Freyssinet, le plus petit modèle, émet 44 grammes de CO2 par kilomètre et par tonne transportée. Rapporté à des personnes, ce chiffre fait, grosso modo, calcule Bertrand Olivier Ducreux, de l'Ademe (Agence pour le développement et la maîtrise de l'énergie), 4,4 g par voyageur et par kilomètre... Pour joindre Strasbourg par les canaux, on emprunte le canal latéral à la Marne puis celui de la Marne au Rhin. Soit 560 km à une allure de tanche. Compter 56 heures à 10 km/h...
Autocar 19,5 kg
Autocar interurbain par autoroute (488 kilomètres) : 19,5 kg de CO2. Les liaisons par bus interurbains séduisent un nombre croissant de voyageurs en raison de leur bas prix. Mais, comparé au TGV, elles aggravent le bilan carbone. Les émissions varient sensiblement selon qu'il s'agit d'un minibus, d'un autobus urbain ou d'un autocar interurbain, trois catégories distinguées par l'Ademe. Entre une liaison intervilles par autocar et un bus urbain de province, la seule combustion de carburant, rapportée au taux moyen de remplissage, fait varier les chiffres de 1 à 2,5 (9,4 g de CO2 par passager et par kilomètres pour l'interurbain contre 23,3 g pour le bus urbain). Un autocar interurbain émet 40 grammes de CO2 par voyageur et par kilomètre, sur la base d'un taux d'occupation des sièges de 60 % (moyenne constatée).
Corail 44,3 kg
Corail Intercité sur Paris-Mulhouse/Bâle (492 kilomètres) : 44,3 kg de CO2 par voyageur. Diesel ou traction électrique, la nuance est d'importance. Un Corail Téoz émet 3 grammes de CO2 s'il est en traction électrique, mais 90,1 g pour la traction diesel (données SNCF). Le Paris-Mulhouse/Bâle (via Troyes, Chaumont et Vesoul) est une des dernières grandes lignes non électrifiées. Même grand écart pour le TER (train express régional) : il émet 5,1 g de CO2 s'il est électrique et 94,8 g un record ! pour une motrice diesel. Il en roule encore quelques-uns. Comme sur la liaison Châlons-en-Champagne/ Conflans/Jarny (147 kilomètres) ou Strasbourg/Epinal (147 kilomètres). Nombre de lignes sont encore desservies par des trains carburant au diesel, mais elles transportent un nombre limité de voyageurs.
Voiture 51,2 kg
Une Clio (5 CV) : 51,2 kg de CO2 par voyageur pour deux personnes à bord. L'émission de CO2 est fluctuante selon les voitures. Pour la climatisation, compter 20 % d'émissions en supplément. A la surconsommation en carburant s'ajoutent les fuites des gaz (PFC, HCFC) utilisés dans les circuits de climatisation. Une voiture hybride ? Il faut diviser environ par deux les émissions. Entre une petite cylindrée et une grosse berline ou un 4 x 4, c'est aussi du simple au double. Tout comme tracer sur autoroute ou rouler en ville dans les embouteillages... Enfin, en se tassant à cinq dans la voiture, plutôt qu'en circulant seul au volant, on divise par cinq la pollution. Lorsqu'on établit le bilan carbone d'un véhicule, il faut prendre en compte l'émission de CO2 au cours de sa fabrication, parce qu' «une voiture ne roule guère plus de 2 000 heures dans sa vie, ce qui est très peu, comparé à ce qu'a consommé sa production», explique Jean-Marc Jancovici, spécialiste du bilan carbone et consultant pour l'Ademe (Agence pour le développement et la maîtrise de l'énergie). Une petite voiture (5 CV), comme une Clio essence, émet 210 grammes de CO2 par kilomètre pour un trajet extra-urbain (production de la voiture comprise), selon le guide des facteurs d'émission de l'Ademe. Une grosse cylindrée, comme un Espace ou un 4 x 4 (11 CV, à l'essence), en libère 260 grammes. Sachant qu'entre Paris et Strasbourg la distance est de 488 kilomètres par autoroute et qu'il s'agit d'un trajet extra-urbain, la méthode validée par l'Ademe donne 102,5 kg de CO2 pour une 5 CV et 126,9 kg pour une 11 CV. Si deux personnes sont à bord (moyenne constatée sur ce type de trajet), les chiffres sont à diviser par deux...
Avion 70,2 kg
Airbus A320 : 70,2 kg de CO2 par voyageur (source DGAC). Temps de roulage, court ou moyen courrier, avec ou sans escale, vétusté de l'appareil, répartition des sièges entre la première, classe affaires et classe éco, autant de facteurs qui modulent l'émission de gaz à effet de serre, dont le CO2... Air France est extrêmement nerveux sur le sujet de la pollution de ses avions. Selon l'expert Jean-Marc Jancovici, un Airbus A318, appareil couramment utilisé par Air France, émet 170 grammes de CO2 par passager et par kilomètre, sur une base de 115 sièges, tous en classe éco, et un taux d'occupation de 80 %. La DGAC (Délégation générale à l'aviation civile) est beaucoup plus précise. Selon cet organisme, un A320 de 150 places, faisant la liaison Paris-Strasbourg avec un coefficient de remplissage de 65 %, émet 7 tonnes de CO2, soit environ 180 grammes de CO2 par passager et par kilomètre. Sachant que la route aérienne est longue de 390 kilomètres, le bilan de cet Airbus s'établit à 70,2 kg par personne transportée (source DGAC).
A titre de comparaison, l'écocomparateur de la SNCF, établi avec les chiffres d'émission fournis par Air France, ne donne que 58 kilos.