Le distributeur est le premier à avoir obtenu une certification qui garantit la sécurité alimentaire des produits qu’il distribue. Cette question est cruciale pour la Chine où les scandales dénonçant la contamination des produits par des substances toxiques défraient la chronique. |
Carrefour Chine est le premier distributeur à avoir obtenu le certificat chinois Green Market pour tous ses magasins de Shanghai, Pékin, Shenzhen et Chengdu. La direction souhaite maintenant étendre la démarche à Canton, Nankin et Urumuqi dans l’ouest du pays. « Avec la certification Green Market, le gouvernement chinois est satisfait, nous avons lancé le mouvement. Depuis que nous l’avons, Auchan et E-Mart se sont manifestés pour l’obtenir » explique Nadège Claudel, directrice de la qualité et de la sécurité alimentaire de Carrefour Chine qui compte 98 hypermarchés, 270 magasins de hard discount et emploie 40 000 personnes. (La marque française est imprononçable dans l’empire du milieu et pour que les consommateurs chinois la mémorisent, elle a été rebaptisée « Jia Le Fou », signifiant "Joie et bonheur pour la famille") la CCIC la Fondation Carrefour Si l’éducation participe de la sécurité alimentaire, en Chine le problème est plus structurel. La Chine la China Certification Scandales en série Diverses affaires ont éclaté en 2006 (voir article lié). En mars 2007, la Food la FDA Conscient que la question est critique, le gouvernement prend des mesures. Depuis 2002, des standards ont été élaborés pour plus de 525 produits et de nombreuses entreprises ont acquis des permis de mise sur le marché. Le premier plan quinquennal pour la sécurité alimentaire vient d’être publié pour améliorer le contrôle de l’administration sur les industries pharmaceutiques et agroalimentaires. Il appelle d’une part à la création d’un système de contrôle des exportations d’aliments pouvant transmettre des maladies et contenir des résidus de produits toxiques, d’autre part à un contrôle électronique des entreprises agroalimentaires. D’ici 2010, un système d’information sur la sécurité alimentaire devra couvrir 90% du pays. Une réglementation devrait en outre être publiée avant fin 2007 concernant le mécanisme de retrait du marché de produits dangereux. Le principal reste à faire. 1 million de petits commerces de production alimentaire opèrent en Chine, dont 70% d’affaires familiales comptant moins de 10 salariés. Or un grand nombre de ces entreprises n’appliquent aucun standard et la qualité de leurs produits échappe à tout contrôle. Moins de 1% des 50 000 détaillants d’aliments du pays seraient dotés d’un laboratoire de test. Il n’existe pas de standards concernant les hormones contenues dans la viande. Il n’y a pas non plus de ministère désigné en charge du contrôle des résidus de pesticides dans l’alimentation. Les produits labellisés eux-mêmes prêtent à suspicion après divers cas avérés de fraude. Certains additifs, interdits en Europe, sont encore tolérés en Chine. Le système de qualité n’est pas unifié. Les prérogatives apparaissent enchevêtrées entre une dizaine d’institutions, entraînant une dilution des responsabilités. Certains experts appellent donc à la création d’une commission qui superviserait la sécurité alimentaire. Les autorités se sont attachées jusqu’à aujourd’hui à assurer une production suffisante pour nourrir la population. Il faudra sans doute du temps pour mettre en place un système efficace de contrôle de la qualité. La population chinoise, en particulier urbaine, est de plus en plus sensibilisée et méfiante. Selon un sondage, réalisé en mars 2007 pour le compte de Greenpeace par la société Ipsos à Shanghai, Canton et Pékin, la moitié des 600 personnes interrogées se déclarent prêtes à payer le double du prix habituel pour des aliments dépourvus de résidus de pesticides, et près de 20% accepteraient de payer n’importe quel prix.
Vannina Pomonti |