Des échantillons d'ADN de plantes et d'insectes extraits des parties les plus profondes de la calotte glaciaire du Groenland témoignent de l'existence d'une flore et faune riches au cours du million d'années passées, selon une étude publiée jeudi dans la revue Science.
Les auteurs de l'étude ont prélevé ces fragments d'ADN, provenant de différents arbres et insectes, à la base d'une carotte glaciaire de deux kilomètres dans le sud du Groenland. A leur grande surprise, l'analyse de ces échantillons vieux de 450.000 à 900.000 ans a révélé une grande variété de plantes et d'arbres, comme les conifères, ainsi que des insectes dont des papillons, des araignées et des puces. Les précédentes estimations dataient la forêt boréale au Groenland avant la glaciation à 2,4 millions d'années.
Les températures du Groenland quand la forêt boréale recouvrait son territoire allaient de 10 degrés Celsius en été à moins 17 degrés Celsius en hiver. Cette recherche indique aussi que la glace du Groenland, dont l'épaisseur actuelle dépasse deux kilomètres, s'est largement maintenue durant la période interglaciaire, il y a 116.000 à 130.000 ans, quand les températures étaient 5 degrés Celsius plus chaudes qu'aujourd'hui. Les océans étaient alors montés de 5 à 6 mètres au-dessus de leur niveau actuel. "Si nos calculs sont exacts, cela veut dire que la couche de glace recouvrant le sud du Groenland est plus stable qu'on ne le pensait", souligne Eske Willerslev, de l'université de Copenhague (Danemark), le principal auteur de l'étude conduite par une équipe internationale de chercheurs.