Le réchauffement climatique ne s’attaque pas qu’à la banquise. Il fait fondre, aussi, les moissons. Exemple en Chine où les autorités estiment que les effets du réchauffement conduiront à une baiss e des récoltes de 10% d’ici 2030.
Et pour compenser les pertes dues à la montée des températures et au déficit de pluie, Pékin estime que le pays, doté de 12 millions d’hectares de terres céréalières, doit en dénicher 10 millions d’ici vingt-trois ans. La France en compte 3 à 4 millions d’hectares en fonction des terres mises en jachère.
Explosion des villes, rétrécissement des campagnes
2030 n’est pas une année anodine: à cette échéance, la population chinoise devrait dépasser les 1,5 milliard d’habitants. Selon Bernard Séguin, chercheur à l’Institut scientifique de recherche agronomique (INRA), «la baisse des récoltes est une question vitale pour un pays qui n’est pas totalement autosuffisant». L’agronome français tempère les explications des autorités chinoises: «Réchauffement ne veut pas dire automatiquement sols secs. La Chine est une nation étendue. Au Nord, la montée des températures se traduit par davantage de pluie. Et, au sud-ouest, c’est la sécheresse. Globalement, les conséquences du réchauffement sur les cultures chinoises se neutralisent.» Pour le scientifique, «l’explosion des villes et celle de la population» sont deux autres explications des déficits agricoles. Ces deux phénomènes diminuent la part des surfaces pouvant accueillir les récoltes. Cette situation se retrouve un peu partout sur le globe.
Déplacement des zones de culture
Pour Bernard Séguin, le réchauffement climatique ne chamboulera pas «énormément» les tonnages de céréales. «Il est certain qu’il va redéfinir la carte des terres cultivables à la surface du globe.» Les changements de températures transforment des zones froides en zones tempérées, capables de recevoir les semences. Un exemple: «le Kazakhstan, une ex-république du bloc soviétique, connaît des températures plus favorables pour la croissance des céréales et ils ont des terres assez bonnes.»
Le cas chinois montre que les récoltes seront un enjeu diplomatique. La boulimie de Pékin, le rétrécissement des surfaces de cultures, alliés à la montée du mercure dans les régions dites «greniers», sont les facteurs qui, depuis des semaines, font exploser les prix des tonnes de grains à la bourse de Chicago.