La perruche verte de l'île Maurice s'apprête à vivre son quart d'heure de célébrité. Psittacula eques, son petit nom savant, est, en effet, la seule des 41 415 espèces animales et végétales (sur environ 1,75 million d'espèces connues) recensées par l'Union mondiale pour la nature (UICN) à connaître une amélioration de son sort.
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Cet oiseau passe de la catégorie "En danger critique d'extinction" à "En danger". Au milieu des années 1980, on ne recensait plus qu'une dizaine d'individus à travers l'île de l'océan Indien. Des mesures de protection des zones de nidification, menacées par la déforestation et par des espèces introduites par l'homme (macaques et rats noirs), ont été prises. Cent trente-neuf perruches nées et élevées en captivité ont été relâchées entre 1997 et 2005. Aux dernières nouvelles, les perruches vertes seraient plus de 320 dans l'île. Mais de tels programmes, même s'ils ont montré leur efficacité et trouvent un écho auprès du grand public, ne sauraient constituer une réponse à la perte accélérée de sa biodiversité que connaît actuellement la Terre. Même si elle se "contente" de répertorier les espèces et de les classer en huit catégories selon le degré de menace d'extinction, la liste rouge de l'UICN, actualisée annuellement, reste le plus complet des indicateurs de la biodiversité. Dans sa version 2007, elle recense 16 306 espèces menacées à des degrés divers et 65 espèces éteintes à l'état sauvage. Une seule espèce vient rejoindre, cette année, les 784 que l'UICN considère comme totalement éteintes : le Begonia eiromischa, une plante de Malaisie dont le dernier exemplaire a été vu en... 1898. "Un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit, un tiers de tous les amphibiens et 70 % de toutes les plantes évaluées sont en péri , constate l'UICN. Parmi les changements enregistrés en 2007, on relève notamment : le déclin continu des grands singes ; la détérioration de la situation des différentes espèces de vautours ; l'apparition des coraux, dont deux espèces des îles Galapagos sont considérées "en danger critique d'extinction" ; le maintien du dauphin du Yangzi, ou baiji, dans la catégorie des espèces les plus menacées : ce cétacé d'eau douce semble avoir disparu du fleuve chinois (Le Monde du 11 août), mais l'UICN estime que de nouvelles études sont nécessaires pour le considérer comme éteint. "La liste rouge de l'UICN démontre que les efforts inestimables déployés à ce jour pour protéger les espèces sont insuffisants, commente Julia Marton-Lefèvre, directrice générale de cet organisme qui rassemble 83 pays, plus de 800 organisations non gouvernementales et un réseau d'experts issus de 181 pays. Le rythme de l'érosion de la biodiversité s'accélère, et nous devons agir sans plus attendre." L'objectif que s'étaient fixé, en 2002, lors du Sommet de la Terre la Convention Pourtant, la prise de conscience paraît enclenchée. "On sent partout une effervescence", assure Robert Barbault. Aujourd'hui, rappelle-t-il, les espaces protégés représentent 12 % à 13 % du territoire terrestre. "Mais il ne suffit pas d'ouvrir un parc ou une réserve, il faut aussi des moyens et une bonne gestion", tempère Jean-Christophe Vié, chef adjoint du programme de l'UICN pour les espèces. Faut-il s'y prendre autrement ? "La solution, on la connaît, assure Robert Barbault. C'est de maintenir de grands espaces naturels diversifiés." Pour l'écologue français, la nécessité de préserver cette diversité va s'imposer, au besoin à travers des épisodes de crise, car la perte de biodiversité finira par peser économiquement sur les sociétés humaines. "Les enjeux de la biodiversité sont comparables à ceux du changement climatique, estime Jean-Christophe Vié. Mais la perte de biodiversité ne suscite pas encore la même mobilisation, car elle est progressive et ne menace pas encore les emplois." Les spécialistes de la biodiversité doivent se retrouver du 15 au 17 novembre à Montpellier, dans le cadre du Mécanisme international d'expertise scientifique sur la biodiversité (Imoseb), un rassemblement d'experts créé à l'initiative de la France Gilles Van Kote
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