La BBC a renoncé jeudi à un programme d'une journée consacré à favoriser la prise de conscience des effets du réchauffement climatique, estimant qu'il ne relevait pas de son rôle de mener une telle initiative.
Le "Planet Relief" devait être diffusé au début de l'année 2008. Il a été abandonné, plusieurs de ses hauts responsables jugeant que la BBC, financée par l'argent public, avait d'autres devoirs.
Peter Barron, le rédacteur en chef de "Newsnight", le programme d'informations phare de la BBC, a estimé que la mission de la société "n'est pas de sauver la planète".
Le responsable des informations télévisées Peter Horrocks a également jugé que la BBC n'avait pas pour vocation d'apparaître en leader d'opinion.
"Notre public nous dit être plus réceptif aux programmes de style documentaire ou factuel comme moyen de comprendre les enjeux entourant ce sujet", a expliqué une porte-parole pour justifier la décision.
Régulièrement critiquée pour ses vues soi-disant trop libérales, la BBC a pour ce choix été vivement critiquée par les groupes de défense de l'environnement.
"La science du changement climatique est très claire et si l'approche est bonne, s'attaquer à cette question très sérieuse ne compromettrait pas l'impartialité de la BBC", a estimé Tony Juniper, le directeur de l'association écologique Les Amis de la Terre.
Le programme, dont le concept a été créé il y a dix-huit mois, et dont la diffusion était prévue pour 2008, devait être présenté par un assortiment de stars britanniques du petit écran, parmi lesquelles Ricky Gervais, auteur et acteur des séries cultes The Office et Extras. L’émission devait par ailleurs inclure un appel public à éteindre l’électricité pendant quelques minutes dans tous les foyers.
Malgré l’importance de l’enjeu en question, plusieurs figures influentes de la chaîne publique ont récemment critiqué le concept, arguant que la BBC n’a pas pour mission de mener campagne. « Notre travail ne consiste pas à guider le public ni à faire du prosélytisme », vient ainsi de déclarer Peter Horrocks, le directeur des programmes d’information de la télé publique.
En juin dernier, un rapport interne avait déjà critiqué le non-respect de la règle d’impartialité de plusieurs émissions de la BBC, notable, en particulier, au moment de la campagne (en 2005) de Bob Geldof contre la pauvreté en Afrique. Un clip de quatre-vingt-dix secondes avait notamment été inséré dans un épisode de The Vicar of Dibley, une sitcom très populaire de la BBC ; et, lors du concert Live 8 à Hyde Park, un présentateur avait donné aux téléspectateurs l’adresse du site internet de l’association : une action jugée comme une grave violation du devoir d’impartialité de la chaîne publique. « Des programmes qui sont de connivence avec des campagnes n’ont pas leur place sur la BBC, à cause de la perte de contrôle éditorial inhérente qu’ils supposent », concluait ainsi le rapport.
Pourtant, la BBC dément que l’annulation de Planet Relief soit liée à ces attaques contre son manque d’impartialité, justifiant sa décision par la demande du public. Des études auprès des téléspectateurs auraient ainsi révélé que ces derniers se disent bien plus sensibles à de vrais documentaires, sérieux et factuels, sur ce type de sujets plutôt qu’à des programmes simplistes présentés par des stars perçues comme hypocrites. Les réactions négatives du public face au concert Global Live Earth, organisé cet été par Al Gore, auraient aussi contribué à l’abandon de Planet Relief.