L'épidémie de fièvre catarrhale ovine assiège désormais l'Ouest. Principal responsable, un insecte longtemps cantonné aux zones subsahariennes.
L'épidémie de fièvre catarrhale ovine assiège désormais l'Ouest. Principal responsable, un insecte longtemps cantonné aux zones subsahariennes.
« C'est un véritable tsunami sanitaire, au regard de la vitesse et de l'intensité de propagation de l'épidémie. Tous les collègues sont sur le pont. » Présent mardi, au stand de
nationale des groupements techniques vétérinaires, au Space à Rennes, le Dr Gérard Bosquet ne s'est pas attardé. Il est retourné au charbon dès mercredi dans son département des Ardennes.
La date du 21 août est inscrite dans sa mémoire. « On était au coeur d'un été pluvieux, maussade et froid. » La maladie a pourtant frappé. « Le relevé récent de nos piégeages indique la présence de 5 900 moucherons porteurs du virus, dans un minuscule espace.»
L'exotique, et minuscule culicoïde imicola, agent de propagation du virus et habituellement cantonné aux zones subsahariennes de l'Afrique est passé à l'attaque en 2006 via les Pays-Bas et
poursuit depuis sa progression: le Nord, L'Aisne, les Ardennes, et le Pas-de-Calais. Et fonce vers le Sud depuis deux semaines. La région Ouest est à son tour menacée.
« Les bovins malades maigrissent inexplicablement. Les vaches laitières produisent soudain moins de lait. Puis on les reconnaît immanquablement à cinq mètres à leur tête étrange: ils louchent, les muqueuses nasales, et de la bouche sont encombrées, la peau blanchit, les sabots gonflent ».
Zones de confinement
Les moutons infectés présentent une gueule qui fait encore plus pitié. « La mortalité peut atteindre de 10 à 25% des sujets », remarque Étienne Gavart. Directeur des groupements de défense sanitaire du bétail de
et du Calvados, il avoue son pessimisme. Un cas a été recensé récemment dans le département voisin de
la Seine-Maritime
, puis de l'Eure-et-Loir.
Pour freiner la progression de la maladie, le ministère de l'Agriculture a défini trois zones concernant la circulation des animaux: un confinement des ruminants est instauré dans un rayon de
autour d'un foyer et deux périmètres, l'un dit de précaution et l'autre dit de surveillance, sont installés dans un rayon de
150 kilomètres
. « Dans les Ardennes, commente sobrement le Dr Gérard Bosquet, on fait du curatif. On ne distingue plus les zones. » Dans l'Ouest, on attend les premiers cas avec anxiété: « Sur un rassemblement comme le Space, précise Étiennne Gavart, tous les ruminants ont été gratifiés d'un traitement insecticide préventif. Une sérologie de recherche du virus a été effectuée. »
Les Groupements de défenses sanitaires aident à la conformité administrative de la circulation des animaux. Offrant des conseils aux éleveurs : « En particulier, insiste Étienne Gavart, nous préconisons un traitement insecticide au niveau de l'encolure des animaux à titre préventif. »
L'Office de l'élevage recense les conséquences économiques de l'extension de l'épidémie: « Les marchés sont perturbés. Groupements et négociants en bestiaux ont plus de difficulté à constituer des lots homogènes. » Et, surtout, les abattoirs craignent de fortes secousses à la fois dans leur approvisionnement et leurs marchés à l'export. L'abattoir Socopa du Neubourg, dans l'Eure, est pris dans la nasse de la zone précaution: les centres d'insémination artificielle craignent des rétorsions sur leurs contrats à l'exportation. Les professionnels de l'élevage de l'Ouest s'attendent à des jours et des semaines difficiles. En espérant qu'un hiver froid et rigoureux ramène l'insecte piqueur vers ses chaudes contrées.
François LEMARCHAND.
20 kilomètres
la Manche
la Belgique. Il
la Fédération