Alors que le général américain David Petraeus présente son rapport devant le Congrès sur la situation en Irak, la plupart des Américains déclare ne pas le croire et soutient la mise en place d'un calendrier prévoyant le retrait des troupes américaines d'Irak, montre le dernier sondage paru. Un sondage réalisé par USA TODAY/Gallup Poll, publié lundi, montre que les efforts effectués par la Maison Blanche pour mettre en lumière les progrès réalisés en Irak, notamment la visite surprise du président George W. Bush dans la province d'Anbar la semaine dernière, n'ont pas changé fondamentalement les avis sur la guerre.
Alors qu'un tiers des interrogés déclare avoir cru que les Etats-Unis seraient capables d'atteindre leurs objectifs grâce au "renforcement" des troupes cette année, une majorité qualifie quant à elle l'invasion d'erreur et prédit que la guerre sera perdue.
Un record de 60% des interrogés déclarent que les Etats-Unis devraient se fixer un calendrier pour retirer leurs forces d'Irak "et se maintenir au calendrier quelque soit la situation en Irak".
Interrogées sur le témoignage du général Petraeus, 53% des sondés déclarent que le haut commandant des forces américaines en Irak va présenter "un rapport biaisé qui reflète ce que l'administration Bush veux faire croire au public".
Irak : un general pour defendre bush
David Petraeus déposait au Congrès pour soutenir la stratégie contestée du Président. Il propose un retrait limité des troupes.
Le commandant américain en Irak, le général David Petraeus, a recommandé hier devant le Congrès le retrait des 30 000 hommes envoyés en renfort en Irak en début d’année. Ce retrait pourrait commencer à la mi-décembre, pour s’achever à l’été 2008. Les contingents présents en Irak, actuellement de l’ordre de 168 000 hommes, seraient ramenés à 135 000 - c’est-à-dire le niveau du contingent avant la décision du président George W. Bush d’envoyer ces renforts.
«Illusoire». Ce redéploiement a été rendu possible par «une situation en Irak qui s’améliore», a soutenu Petraeus en présentant des graphiques aux membres du Congrès, qui demeuraient pour beaucoup dubitatifs. «Un progrès sur le plan militaire sans progrès sur le plan politique est illusoire […] il est temps de partir, et maintenant», a déclaré en préambule le président du comité des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, le démocrate Tom Lantos. «Est-ce qu’on n’est pas en train de donner des coups de pieds à un cheval mort ?» a pour sa part demandé son collègue Ike Skelton.
David Petraeus, qui s’exprimait pour restaurer la crédibilité d’une politique irakienne très discréditée, assure que «les objectifs de la poussée [l’envoi des renforts, ndlr] ont été atteints». Il a fait état d’un «déclin» du nombre de morts chez les civils irakiens et d’une baisse de 55 % du chiffre des victimes de combats «ethnico-sectaires» depuis décembre 2006. La création de milices sunnites dans la province d’Al-Anbar (lire ci-dessous) a été qualifiée de «modèle». L’ambassadeur des Etats-Unis en Irak, Ryan Crocker, qui déposait également, a pris le relais pour déclarer : «Il est possible pour les Etats-Unis d’atteindre ses objectifs, un Irak sûr, démocratique, et en paix avec ses voisins.» Mais «ce processus prendra du temps».
«Péril». «On botte des culs en Irak.» Quelques jours auparavant Bush avait, en ces mots, fait part de son sentiment profond sur la situation. Depuis l’été, le tenace président américain a considérablement mouillé sa chemise pour tenter de convaincre l’opinion publique de la nécessité de rester en Irak. Avec un succès mitigé puisque seulement 20 % des Américains veulent garder le cap, selon un sondage publié hier. «Si on laisse les forces du radicalisme nous chasser du Moyen-Orient, la région sera complètement transformée d’une manière qui mettra en péril le monde civilisé», plaidait Bush fin août. L’Iran «redoublerait alors d’audace», et son programme nucléaire placerait la région «dans l’ombre d’un holocauste nucléaire», a-t-il prophétisé.
L’amorce d’un retrait paraissait assez inévitable malgré tout. Le commandant de l’armée de terre, le général George Casey, a expliqué récemment qu’un tel redéploiement est indispensable car ses unités, éreintées et trop peu nombreuses, ne peuvent plus remplir l’ensemble de leurs missions dans le monde.