Le président de
«
La France
a perdu
42 000 hectares
de terres agricoles, en 2006, au profit de l'urbanisation et des routes. Le rythme est deux fois plus fort qu'en Allemagne ou en Hollande », note Jean-Pierre Husson, responsable de
la Safer
(Société d'aménagement foncier et d'établissement rural) en Basse-Normandie. « Ces terres perdent leur fonction agricole de façon quasi irrémédiable, poursuit-il. Car leur remise en culture représenterait un investissement colossal. »
Le président Sarkozy, lui-même, s'est inquiété du grignotage de la campagne lors de son discours inaugural du Space, à Rennes. La planète entière est confrontée au défi alimentaire, il est temps de ralentir notre consommation effrénée d'espaces pour bâtir des lotissements, des zones artisanales et autres noeuds autoroutiers. « En Basse-Normandie,
1 500 hectares
quittent l'agriculture tous les ans, poursuit le représentant de
la Safer. C'est
l'équivalent de deux communes rurales. Ça peut paraître très marginal par rapport à la surface agricole totale (1,3 million d'hectares sur les trois départements bas-normands). Mais ce sont souvent les meilleures terres qui partent en premier. Il est, en effet, plus facile de bâtir sur un terrain plat que sur une pente et dans une zone inondable. »
L'art du paradoxe
Pourquoi
la France
gaspille-t-elle plus de terres que ses voisins européens ? « Elle dispose de davantage d'espace avec moins de densité de population et il coûte moins cher, répond Jean-Pierre Husson. La sensibilité environnementale est aussi plus forte dans les pays du nord de l'Europe. » Notre pays cultive l'art du paradoxe, car les hommes politiques n'ont jamais autant parlé du danger de disparition des terres et pourtant le phénomène augmente.
« Nous devons gérer des concurrences entre l'agriculture, le développement local et la protection de l'environnement, explique Nathalie Heldenbergh, de
la Safer
d'Ille-et-Vilaine. Dans notre département, le monde agricole accepte qu'il faille préempter
400 hectares
pour le tracé de la future ligne TGV. Par contre, on trouve d'autres terres aux agriculteurs pour compenser cette perte. »
Jacques Jaouen, le président de
la Chambre
régionale d'agriculture, est à 100 % pour le tracé du TGV « Par contre, la multiplication des réserves foncières pour des lotissements dans certains PLU (plans locaux d'urbanisme) est un phénomène inquiétant. » Dans le Finistère où il dirige aussi la chambre d'agriculture, il a signé une charte avec le Conseil général et l'Association des maires pour « une gestion intelligente » du foncier. En revanche, il regrette l'absence « d'une stratégie régionale. On ne gérera pas
la Bretagne
centrale comme le littoral ou les zones périurbaines où la pression foncière est plus forte, poursuit-il, mais il faut mettre des règles pour freiner l'urbanisation diffuse. Si on laisse faire n'importe quoi, on ne pourra plus réparer les dégâts. »
http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet.php?idDoc=443956
Jean-Paul LOUÉDOC.
la République
, lui-même, s'en émeut. Il est temps de freiner le grignotage des campagnes par le bitume et le béton.