L'apparition ou le développement de certaines maladies animales en Europe sont-ils liés au réchauffement climatique ? Pour Barbara Dufour, spécialiste en maladies contagieuses et en épidémiologie à l'Ecole nationale vétérinaire de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), la réponse ne fait aucun doute. Elle est positive. |
L'enseignante-chercheuse évoque l'exemple de la fièvre catarrhale ovine, ou maladie de la langue bleue : "En 2002-2003, il y en avait seulement en Corse. Puis on a vu apparaître quelques rares Culicoides imicola (l'un des moucherons vecteurs du virus) dans le sud de la France. Aujourd'hui En 2004 et 2005, Barbara Dufour a participé à l'élaboration d'un rapport de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) consacré à "l'évaluation du risque d'apparition et de développement de maladies animales". Les experts, tout en soulignant qu'il était "illusoire", en l'état des connaissances, "de prévoir avec précision quelles répercussions auront les modifications du climat", ont retenu cinq maladies pour lesquelles la probabilité d'une évolution liée au changement climatique était "modérée à élevée". Il s'agit de la fièvre catarrhale ovine, de la fièvre du Nil, des leptospiroses et de deux maladies touchant essentiellement le chien : les dirofilarioses et la leishmaniose viscérale. DÉFICIT DE CONNAISSANCES Parmi ces cinq affections, deux pourraient avoir sur la santé humaine des conséquences "faibles à modérées" : la fièvre du Nil, qui a fait environ 200 morts aux Etats-Unis en 2003, et la leptospirose, une maladie bactérienne qui se transmet par contact avec l'eau. Une d'entre elles, la fièvre catarrhale ovine, aurait des conséquences "modérées" sur la santé animale et, partant, des conséquences économiques "modérées à élevées". Pour tenter de contrôler d'éventuelles épizooties, le rapport de l'Afssa recommande le développement d'un réseau d'alerte et de surveillance, ainsi que la mise au point de vaccins adaptés et de plans de vaccination. Mais Barbara Dufour pointe le déficit actuel de connaissances scientifiques. "Dans les années 1970, on s'est dit que les maladies infectieuses, c'était fini. Des spécialités comme l'entomologie médicale ont été progressivement sinistrées, faute de moyens humains et matériels, note-t-elle. Mais, depuis vingt ans, ces maladies sont revenues en force, et nous nous retrouvons trop souvent démunis devant des questions de fond." Gilles van Kote |