La déclaration faite vendredi par M. Ban devant le Conseil de sécurité de l'ONU "était très forte et nous la saluons", souligne Yvonne Terlingen, responsable du bureau d'Amnesty International à l'ONU.
"Pendant la première partie de l'année, il semblait très hésitant à s'engager", relève Steve Crawshaw, un responsable de l'association humanitaire Human Rights Watch. "Il ne profitait pas vraiment de cette autorité morale réelle qui revient au secrétaire général (de l'ONU) et qui est là pour être utilisée". Mais cela pourrait bien être en train de changer.
M. Crawshaw faisait lui aussi référence aux propos "forts" de M. Ban devant le Conseil de sécurité, où il a qualifié la répression militaire en Birmanie de "répugnante et inacceptable".
Plusieurs diplomates interrogés par l'AFP ont salué le leadership du secrétaire général manifesté tout au long de la crise birmane.
M. Ban a ainsi sans tarder envoyé un émissaire personnel, Ibrahim Gambari, aller délivrer un "message fort" aux dirigeants militaires de Rangoon. M. Gambari les a mis en garde contre les "conséquences internationales graves" d'une poursuite de la répression des manifestations dans leur pays.
M. Ban a pris son téléphone pour s'assurer que les principaux acteurs du drame birman - le Conseil de Sécurité, la Chine, l'Association des nations du Sud-Est asiatique - pousseraient bien dans le même sens: non seulement pour que M. Gambari puisse entrer en Birmanie, mais aussi pour qu'il rencontre la junte, tout comme la figure emblématique de l'opposition Aung San Suu Kyi.
"Les mots forts que nous avons entendus de Ban Ki-moon sont les bienvenus", relève M. Crawshaw. "J'espère qu'il va continuer comme cela". "Il a parlé de l'importance des droits de l'Homme de manière abstraite, mais je pense qu'il lui faut montrer qu'il comprend vraiment ce que cela veut dire. Des fois, vous devez prendre la parole, parler fort et parler en public".
Au cours des deux dernières semaines, le secrétaire général s'est retrouvé sous le feu des projecteurs, à l'occasion de l'assemblée générale de l'ONU et son cortège de réunions sur le Darfour, l'Irak, l'Afghanistan, le Moyen Orient, le changement climatique et bien sûr la Birmanie.
"Tout le monde voulait le tester, voir comment était le nouveau secrétaire général", souligne un participant à l'assemblée générale.
Pour un diplomate, M. Ban est "très orienté résultats". "Au lieu donc de se concentrer sur les discours lors de l'assemblée générale, il a privilégié des réunions de haut niveau", analyse-t-il sous couvert d'anonymat.
En décembre dernier, M. Ban avait suscité le malaise au sein des associations de défense des droits de l'Homme, en refusant de condamner la pendaison de l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein, alors que les Nations unies sont historiquement hostiles à la peine capitale.
Mme Terlingen d'Amnesty International relève d'ailleurs à ce sujet que le rapport des Nations unies sur la situation des droits de l'Homme en Irak est très en retard. "Il aurait du être publié cet été", note-t-elle.