Barroso, Al Gore, Hulot, Borloo, Sarkozy et l'avocate kenyane Wangari Maathai le 25 novembre 2007 au Grenelle de l'environnement à Paris . Le Grenelle de l'environnement a terminé ses travaux vendredi matin, avec l'annonce par le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo d'une expertise sur le bilan écologique et énergétique des agrocarburants de première génération. lire le dossier
Le Grenelle de l'environnement avait terminé jeudi après-midi ses travaux, à l'exception de cette dernière table ronde.
Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet à l'Elysée le 25 octobre 2007
L' expertise sur les agrocarburants, confiée à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), devra permettre de déterminer leur part dans le portefeuille énergétique français, a-t-il ajouté à l'issue de la dernière table ronde du Grenelle. Parallèlement, les efforts de recherche et développement concernant les agrocarburants de deuxième génération seront intensifiés. Il s'agit d'"accélérer la mise en place de pilotes industriels sur les biocarburants de deuxième génération", précise le relevé de conclusions de la dernière table ronde du Grenelle qui s'est tenue vendredi matin. Un groupe de travail fera une revue générale du "plan biocarburants" français avant le 1er février 2008 sur la base de l'expertise de l'Ademe, précise ce document. Les agrocarburants dits de première génération sont ceux produits à partir de cultures destinées à l'alimentation - betterave à sucre et blé pour le bioéthanol, colza et tournesol pour le biodiesel/diester en France). Leur développement pose un problème de concurrence dans l'usage des terres agricoles. Ceux de deuxième génération seraient fabriqués à partir de plantes non alimentaires - buissons de terres semi-arides, herbes de prairie, algues marines. Avec cette expertise de l'Ademe, "on va redéfinir la politique française en matière d'agrocarburants", a souligné Yannick Jadot (Greenpeace/Alliance pour la planète) qui participait aux travaux de la table ronde vendredi au ministère de l'Ecologie. Il a estimé que "l'engouement de mode pour les agrocarburants est en train d'atterrir". En arrivant au ministère vendredi matin pour cette dernière table ronde, Nicolas Hulot avait pour sa part estimé que les agrocarburants étaient "une fausse bonne idée" et qu'ils posaient "énormément de risques pour la biodiversité" (engrais, pesticides). Le président Nicolas Sarkozy s'était prononcé jeudi pour la suspension des cultures d'OGM et une réduction des pesticides, sans aller jusqu'à la création immédiate d'une " taxe carbone".
Entre la taxe carbone, à l'étude mais non décrétée, et la nécessité de ne pas rogner sur le pouvoir d'achat des Français, la presse française vendredi voit Nicolas Sarkozy jouer les équilibristes pour ne froisser personne.
M. Sarkozy a prononcé son discours devant le gouvernement en son entier, le Prix Nobel de la Paix la Commission
Al Gore a salué ce sommet inédit en France, assurant qu'il constituait un "formidable coup d'accélérateur" à la lutte mondiale contre le réchauffement climatique.
Depuis mercredi, les participants -- écologistes, représentants du patronat, des syndicats, de l'Etat et de collectivités -- ont participé à d'ultimes négociations pour arriver à présenter une série de mesures.
Ils ont toutefois échoué à se mettre d'accord sur une revendication clef des écologistes, celle de la création d'une "taxe carbone" sur les produits gros consommateurs d'énergie fossile. Considérée comme un test de l'échec ou du succès de ce sommet par les organisations écologistes, la création de cette taxe est rejetée par le patronat en l'absence d'une remise à plat globale de la fiscalité.
Sans trancher, M. Sarkozy s'est engagé à "ce que la révision générale des prélèvements obligatoires se penche sur la création d'une taxe +climat-énergie+ en contrepartie d'un allègement de la taxation du travail pour préserver le pouvoir d'achat et la compétitivité".
Autre point, qui a donné lieu à un bras de fer entre écologistes et agriculteurs, celui des pesticides, qui pollue les eaux et les sols, et dont la France
Il a confirmé la suspension de la culture commerciale de maïs génétiquement modifié annoncée dans la matinée "en attendant les conclusions d'une expertise à coParmi les avancées, qui ont fait l'objet d'un consensus, figurent des mesures dans les secteurs, clef pour la lutte contre les gaz à effet de serre, du bâtiment et des transports.
La priorité doit être donnée au rail dans les années à venir et la création d'une "écopastille" a été décidée pour pénaliser les véhicules les plus polluants comme les grosses berlines et les 4X4 et récompenser les plus vertueux. Les modalités doivent toutefois être encore précisées.
Le sommet a entériné un fort développement du "bio" dans l'agriculture, dont la part (calculée en surfaces agricoles utiles), devra passer à 6% en 2012 et 20% en 2020, contre 2% actuellement.
Les participants à ce sommet se sont montrés plutôt satisfaits, disant toutefois attendre de voir les conditions d'application des mesures. "Franchement, on est entrés dans l'ère de l'écologie. On est passés à l'action. On est confiants, heureux", a affirmé Nicolas Hulot, l'une des figures de l'écologie française. Greenpeace a vu de son côté dans ce sommet des "avancées" mais aussi du "flou".
Cette réunion a été baptisée "Grenelle de l'environnement" en référence à des accords sociaux historiques, signés en France en mai 1968.
"Nicolas Sarkozy, hier, était dans la situation de l'équilibriste", résume Bernard Le Solleu dans Ouest-France qui précise qu'"il chouchoute les écologistes et se garde de froisser le patronat et le monde agricole." Et de s'interroger: "comment financera-t-on cette révolution, alors que les caisses de l'État sont exsangues et que le gouvernement craint, par-dessus tout, de rapetisser le pouvoir d'achat de Français déjà un peu grognons ?".