L'explorateur français Jean-Louis Etienne a baptisé, dans un hangar de l'aéroport Marseille-Provence, le dirigeable de l'expédition qu'il conduira au printemps 2008 en Arctique pour mesurer l'épaisseur de la banquise.
"Face à cette régression dramatique de la banquise, avec la plus petite surface jamais atteinte au mois de septembre, on a besoin d'en connaître l'épaisseur pour ramener une valeur de référence et suivre son évolution", a-t-il dit à la presse.
La banquise est une fine carapace de glace, de deux à trois mètres d'épaisseur, qui flotte sur l'océan Arctique. Elle a perdu 8% de sa surface par décennie ces 30 dernières années.
Les scientifiques estiment que si aucune mesure d'envergure n'est prise contre le réchauffement climatique, la banquise disparaîtra durant l'été de l'océan Arctique en 2060.
"En Arctique, c'est une part de l'équilibre de l'hémisphère Nord qui est en train de fondre", a rappelé Jean-Louis Etienne.
Pour sonder cette "impénétrable forteresse", le scientifique a opté pour le dirigeable comme moyen de locomotion.
"C'est un clin d'oeil à l'histoire et au Norvégien Roald Engelbregt Gravning Amundsen, qui a effectué la dernière traversée de l'océan Arctique à bord d'un dirigeable, en 1928", a-t-il expliqué.
Long de 54 m, large de 14 et haut de 17, l'aéronef est un appareil russe qui utilise l'hélium. Il sera équipé du système de mesure allemand EMBird, "l'oiseau magnétique", qui permet d'enregistrer l'épaisseur de la banquise en le déplaçant à une vingtaine de mètres du sol.
Le départ de l'expédition est fixé au 1er mars 2008 à Paris. Le dirigeable doit ensuite effectuer un survol de l'Europe jusqu'au nord de la Norvège, avant de rallier le Spitzberg pour traverser le pôle Nord jusqu'en Alaska.
Jusqu'à la fin octobre, le dirigeable fera l'objet d'essais au sol à Marignane. Il quittera ensuite le ciel marseillais, un "espace aérien trop encombré", pour rejoindre une "zone de grande nature" près de Fréjus, dans le Var, pour l'entraînement des pilotes.
Quatre ans et quatre millions d'euros ont été nécessaires pour mettre cette expédition sur pied.
"Pour y arriver, la principale qualité aura été la persévérance", a souligné Jean-Louis Etienne. "Mais il faut suivre la voie de ses rêves, même si le chemin est difficile, car c'est sur cette voie que l'on se réalise", a ajouté l'explorateur.