AUX CONFINS du cercle polaire arctique, la banquise a connu un nouveau record de fonte en 2007. La glace de mer, qui atteint généralement son minimum à la fin de l'été, en septembre, s'est réduite cette année comme une peau de chagrin. C'est ce que montrent les dernières données du centre américain de données sur la neige et la glace (NSIDC). Sa surface, avec seulement 4,28 millions de kilomètres carrés, est inférieure de 23 % au niveau de 2005, date du précédent record avec 5,32 millions de kilomètres carrés. Cela représente 39 % de moins que la moyenne de long terme observée entre 1970 et 2000.
Avec ces nouvelles données, le taux de fonte de la glace depuis 1979 est désormais de 10 % par décennie, contre 8 % il y a deux ans. Ces résultats dépassent toutes les prévisions des modèles climatiques simulant les réactions du continent arctique au réchauffement. La communauté scientifique s'émeut de ce constat déroutant d'autant que la fonte concerne surtout la zone située près du détroit de Béring, aux confins de la Sibérie la Scandinavie 7 °C 4 °C
Disparition prévue avant 2040
Mais d'autres explications sont également avancées par les experts. Un excès de dépression observé sur l'Arctique entraînant davantage de vent aurait pour effet d'accélérer la dérive de la banquise. L'équipe de l'expédition Tara Arctic, la goélette qui dérive depuis un an sur la banquise, prisonnière des glaces, a pu le constater. Le voilier a en effet parcouru l'équivalent de 1 400 kilomètres
L'expédition Total Pole Airship de Jean-Louis Étienne en mars prochain, va mesurer l'épaisseur de la banquise arctique, qui semble vouée à disparaître en période estivale. Une échéance qui se rapproche régulièrement : l'année dernière, le glaciologue américain Mark Serrez, de l'université du Colorado, avait annoncé la réalisation d'un tel scénario dès 2040. Auparavant, les scientifiques tablaient sur 2070, voire la fin du siècle. Heureusement, cette fonte de la banquise n'a pas d'effet sur le niveau des océans, car le volume déplacé par ces grands glaçons est égal à celui de l'eau issue de leur fonte. Les autres effets sont connus : l'ouverture à la navigation du passage du nord-ouest, mais aussi la disparition progressive des ours polaires et de la culture des Inuits.