A l'heure du Grenelle de l'environnement, le rapport sur l'énergie à l'horizon 2050 de Jean Syrota fait débat. Mis en ligne mardi soir sur le site du Centre d'analyse stratégique, il évoque un objectif de réduction des gaz à effet de serre maximum de 2,5 pour la France, qui est "l'un des pays industrialisés les plus performants en termes d'émissions de gaz carbonique par habitant", ses partenaires étant appelés à faire plus.
"Les différents scénarios étudiés ne conduisent pas à diviser les émissions de gaz carbonique en 2050 par plus de 2,1 à 2,4 par rapport à celles de 1990", écrit Jean Syrota, président de la Commission Energie du CAS.
En 2005, au moment de l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, le président de la République Jacques Chirac avait proposé de diviser par quatre d'ici 2050 les émissions des gaz à effet de serre, engagement inscrit dans le Plan Climat de 2004.
"Une politique nouvelle par son ampleur et sa permanence est indispensable", ajoute Jean Syrota, appelant à se placer dès aujourd'hui dans le long terme, via la réduction des consommations d'énergie et le développement des énergies renouvelables.
Parmi les mesures radicales à prendre, Jean Syrota suggère notamment une augmentation de la TIPP de 3 centimes d'euros par an pour l'essence et de 5, puis 3, pour le gazole.
Il estime que "la France devrait vigoureusement pousser l'Union européenne à retenir un objectif de division par 4" de ses émissions à l'horizon 2050 par rapport à 1990, mais que "l'effort indispensable doit être équitablement partagé au niveau international et spécialement au niveau européen".
Sur la base de ce critère du "partage des efforts à accomplir" (burden sharing), "à un 'facteur 4' européen en 2050 serait associée une division par un facteur de l'ordre de 2,5 des émissions françaises en 2005", écrit Jean Syrota dans ses recommandations.
Il rappelle que l'Union européenne a pris ces premières mesures en ce sens, notamment lors du Conseil européen de mars 2007, en prévoyant la réduction de 20% des émissions de gaz carbonique d'ici 2020.
La France est performante "du fait de la réalisation de son programme électro-nucléaire dans les années 80", ajoute Jean Syrota. "A l'inverse de la plupart des pays industrialisés, chez qui la production d'électricité engendre une part importante des émissions globales de gaz carbonique, elle ne dispose plus d'aucune marge de progrès dans ce domaine": "C'est pourquoi elle ne peut pas, sous peine de compromettre gravement sa compétitivité dans le contexte d'une économie mondialisée, poursuivre seule des ambitions par trop décalées par rapport à celles de ses principaux partenaires économiques".
Le rapport a été publié sur Internet après une première information donnée par le journal "Les Echos" mardi. L'association France Nature Environnement a réagi à cet article des "Echos", jugeant dans un communiqué que "le rapport Syrota ne doit pas court-circuiter les très grands efforts à faire dans le domaine énergétique". France Nature Environnement juge en effet que "malgré des émissions par habitant de gaz à effet de serre relativement modérées, (la France) demeure un très mauvais élève sur le plan de l'énergie".