Salles de marché, gérants de portefeuilles traditionnels et hedge funds ont lancé ces derniers mois des fonds et des certificats pour profiter de l'engouement pour les valeurs liées à l'environnement.
En plus d'être au coeur de l'actualité politique, le thème du réchauffement climatique est devenu une véritable source d'inspiration pour les gestionnaires de fonds d'investissement et autres promoteurs de produits de placement. Merrill Lynch a par exemple lancé cet été, à l'attention du grand public italien, un certificat indexé sur les fluctuations, non pas de la Bourse, mais des températures. Le rendement de ce produit structuré suivra ainsi les variations des températures enregistrées dans la région de Rome Ciampino. " Ce certificat, qui offre par ailleurs une protection en capital, permet aux agriculteurs et aux commerçants de cette région de mieux maîtriser les risques liés aux vagues de chaleur excessive ", explique Jens Boening, le responsable des dérivés climatiques de Merrill Lynch pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie. En France, BNP Paribas propose une offre d'un autre type avec le certificat 100 % Énergie Propre. L'idée est de répliquer l'évolution des cours de neuf titres de sociétés qui distribuent ou favorisent le développement des énergies renouvelables ou qui proposent des solutions visant à améliorer l'efficacité énergétique.
Du côté de la gestion classique, plusieurs initiatives ont également vu le jour. Parmi les pionniers du genre figure le fonds Clean Energy (énergie propre) de Pictet. " Les politiques d'allocation de quotas d'émission de CO2 devraient se renforcer à l'avenir et stimuler la demande d'énergies non fossiles ", explique Philippe Rohrer, l'un des gérants du fonds. Autre institution helvétique à avoir investi le thème climatique, la Banque Syz & Co propose depuis peu le fonds Oyster Global Warming.
NOUVELLES STRATEGIES D'INVESTISSEMENT
Après le succès de l'éolien, son gérant, Jérôme Schupp, anticipe maintenant un fort développement du secteur de l'énergie solaire. " Entre 2006 et 2010, la croissance annuelle du secteur devrait atteindre 30 %. D'ici à 2030, la production globale d'énergie solaire devrait être multipliée par 60 contre 46 fois pour l'énergie marémotrice et 18 fois pour l'énergie éolienne. Cette révolution prendra place sur tous les continents et particulièrement dans les pays développés. " Parmi les principaux éléments qui soutiendront la croissance du secteur des énergies renouvelables au cours des prochaines années, le gérant mentionne la hausse des prix des énergies fossiles, la volonté des gouvernements de réduire la dépendance des États vis-à-vis du pétrole, les investissements massifs réalisés dans les énergies alternatives et l'innovation technologique qui rend ces énergies plus compétitives. La gestion alternative s'est également appropriée le thème du réchauffement climatique et, plus spécifiquement, le marché du carbone. Thomas Della Casa, directeur de la recherche de Man Investments, souligne qu'au regard des opportunités offertes certains hedge funds ont désormais recours à de nouvelles stratégies d'investissement : " Le négoce de carbone s'impose comme l'un des nouveaux secteurs d'importance pour les hedge funds. Nous tablons en effet sur une croissance rapide et pérenne de ce marché, surtout si les États-Unis et la Chine établissent, comme prévu, leur propre marché du carbone. "
UNE OFFRE ORIGINALE
Passant de la théorie à la pratique, Man Investments vient de lancer, via sa filiale RMF, le premier fonds de multigestion alternative sur l'environnement. Il a par ailleurs conçu une offre originale avec le China Methane Recovery Fund, un produit exclusivement investi dans une technologie qui permet d'extraire du méthane des mines chinoises et de l'utiliser pour produire de l'électricité. Et les initiatives ne se résument pas à la création de nouveaux produits. Ainsi, en mai dernier, Euronext et Météo France ont lancé Metnext dont l'activité est de développer et commercialiser des prestations, des outils et des produits qui contribuent à la gestion indicielle des risques climatiques, météorologiques et environnementaux. Fin septembre, le groupe HSBC a de son côté lancé un indice mondial sur le changement climatique. Fort de ces nouveaux instruments dignes d'une classe d'actifs à part entière, le thème du climat semble promis à un avenir boursier radieux.
La banque européenne d'investissement séduit les petits porteurs
En mai et juin derniers, la Banque européenne d'investissement a proposé aux petits porteurs des 27 pays membres une obligation avec garantie du capital et un remboursement minimum de 105 % à l'échéance, le 28 juin 2012. Ce produit, jusqu'alors inédit, combine une utilisation dédiée des fonds dans des secteurs clés pour la protection du climat, la participation à la performance de l'indice FTSE4Good Environmental Leaders Europe 40, qui met l'accent sur la responsabilité des entreprises européennes vis-à-vis de l'environnement, et la possibilité, pour les investisseurs, d'opter à l'échéance pour l'achat et l'annulation de quotas d'émissions de CO2. En matière de protection de l'environnement, la BEI n'en est pas à son coup d'essai puisque, sur les cinq dernières années, elle a contribué à hauteur de 2,2 milliards d'euros au financement de projets liés aux énergies renouvelables.
THIERRY BISAGA