Un collectif international d'ONG, qui s'est rendu au Kazakhstan du 4 au 13 septembre 2007 pour évaluer les impacts environnementaux et sociaux du méga-projet pétrolier Kashagan, publient aujourd'hui leur pré-rapport de mission qui met en évidence la dangerosité de ce projet.
Situé à l'extrême nord de la mer Caspienne, le projet Kashagan a beaucoup fait parler de lui ces derniers mois, suite à l'annonce en juillet dernier par l'opérateur italien Eni que le projet ne débuterait finalement pas avant 2010. Les autorités du Kazakhstan, conscientes de bénéficier avec ce gisement d'une énorme manne financière pour les décennies à venir, avaient alors invoqué des infractions environnementales pour justifier l'arrêt provisoire des travaux, et, surtout, une re-négociation du contrat de partage de production à leur avantage.
La visite de Romano Prodi sur place, en ce début de semaine, semble avoir rassuré les institutions politiques et les compagnies européennes impliquées dans Kashagan (dont Total et Shell, aux côtés d'Eni) quant à la bonne volonté du Kazakhstan de poursuivre le projet en l'état. Les ONG rapportent pourtant de très graves menaces sur l'environnement et la santé des populations du nord de la Caspienne, détaillées dans leur pré-rapport de mission. En particulier, la question de la gestion des nombreux polluants hautement toxiques contenus dans le pétrole de la zone (soufre et mercaptans notamment) semble ne pas être traitée avec suffisamment d'attention par les compagnies.
Les ONG demandent donc que les impacts du projet soient évalués de façon indépendante et publique avant la reprise des travaux. Selon Gwenael Wasse, chargé de campagne pour la Responsabilité des entreprises aux Amis de la Terre, « les témoignages que nous avons recueillis auprès des autorités locales et des habitants sont extrêmement inquiétants ; les compagnies pétrolières qui sont lourdement impliquées dans le projet Kashagan, dont Total, ainsi que les autorités européennes qui les soutiennent politiquement, doivent comprendre que leur responsabilité est lourdement engagée sur le long terme ».
Les ONG européennes qui se sont rendues sur place, ainsi que d'autres spécialisées sur les questions pétrolières et environnementales, continueront à faire campagne pour que le principe de précaution soit appliqué dans le cadre du projet Kashagan, en accord avec les engagements européens en la matière et les démarches volontaires des entreprises en matière de développement durable.
Contact presse :
Caroline Prak - Les Amis de la Terre
Tél : 01 48 51 32 22 - 06 86 41 53 43