Les Africains n'ont pas les moyens de se protéger des phénomènes climatiques extrêmes et risquent de payer le prix fort du réchauffement planétaire, même si leur continent est le moins pollueur de tous.
Le changement climatique "touchera de manière disproportionnée l'Afrique sub-saharienne, créant des cycles de handicaps récurrents transmis de génération en génération", note le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), dans son rapport annuel publié mardi. Quand la température monte en Afrique, "les récoltes sont mauvaises et les gens meurent de faim, ou bien les femmes et les filles passent des heures à chercher de l'eau". En revanche, relève le PNUD, "dans les pays riches, la gestion du changement climatique se réduit en général au réglage des thermostats, à des étés plus longs et plus chauds et à des modifications de saison". Cette "inégalité" face aux tempêtes, inondations et autres sécheresses est subie par tous les pauvres du monde. Mais l'Afrique sub-saharienne, où 40% de la population vit avec moins d'un dollar par jour et autant avec moins de deux dollars, est la plus vulnérable. Selon les auteurs de l'étude, sur les 720 millions d'habitants de cette région "de 75 à 250 millions pourraient d'ici 2020 voir leurs conditions de vie ou leurs perspectives de développement compromises" par les effets du réchauffement. Quand le climat se dérègle, la production agricole s'effondre et entraîne des problèmes de malnutrition, de pertes de revenus et de santé. D'ors et déjà, les enfants nés pendant des périodes de sécheresse, comme par exemple en Ethiopie et au Kenya, souffrent davantage de malnutrition et enregistrent des retards de croissance. Au Niger, les inondations de 2007 ont créé des mares d'eau stagnantes qui ont attiré les moustiques, porteurs de maladies. Des épidémies de fièvre ont été observées dans la vallée du Rift, ainsi que des hausses des cas de paludisme. Le PNUD estime que, d'ici 2060, si la température augmente de 2,9 degrés et que les précipitations diminuent de 4%, le revenu par habitant devrait baisser d'un quart en Afrique sub-saharienne. Or, cette région émet dans son ensemble moins de dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre, que l'état du Texas à lui tout seul. "Le continent affiche le bilan carbone le plus léger au monde, mais risque vraisemblablement de payer le plus lourd tribut au siècle prochain, à cause du changement climatique", soulignent les auteurs du rapport. Pour eux, "les pays riches doivent s'acquitter de leur responsabilité" et saisir l'occasion de la conférence des Nations unies de décembre à Bali (Indonésie) pour promouvoir "la coopération internationale". Cette réunion portera sur les suites à donner au protocole de Kyoto sur les gaz à effets de serre, dont la première phase expire en 2012. Mais les gouvernements africains ont également un rôle à jouer, notamment pour aider leurs citoyens à faire face aux phénomènes extrêmes. Dans le domaine de la prévention, le PNUD leur recommande de développer des "systèmes d'alerte précoce" et "un réseau de surveillance météorologique", et note qu'actuellement il n'existe sur ce continent qu'une station météo pour plus de 25.000 km2, contre une pour 716 km2 aux Pays-Bas. Le PNUD invite aussi les pays africains à investir dans des installations de stockage ou de collecte d'eau dans les régions qui enregistrent de fortes précipitations concentrées sur quelques semaines. Enfin, il souhaite l'amélioration des programmes d'assurances pour les agriculteurs et les pauvres en cas de catastrophes climatiques.