Des centaines de milliers de Mexicains continuent de fuir les régions inondées de l'Etat de Tabasco, où l'on craint désormais une crise sanitaire et où les pillages ont commencé.
Le président Felipe Calderon, qui s'est à nouveau rendu sur place vendredi, évoque une des pires catastrophes naturelles de l'histoire du pays: une semaine de pluies torrentielles ont fait déborder les rivières du Tabasco, Etat pétrolier sur le Golfe du Mexique, désormais sous les eaux à 80%.
Le Mexique tout entier se serre les coudes autour des 900.000 sinistrés du Tabasco, envoyant argent et vivres, alors que les télévisions consacrent tous leurs programmes au drame.
La capitale de l'Etat, Villahermosa, ressemble à La Nouvelle-Orléans après le passage de l'ouragan Katrina: les digues la protégeant ayant cédé, l'eau boueuse a atteint au moins le premier étages des maisons et des dizaines de milliers d'habitants sont toujours réfugiés dans les étages supérieurs ou sur les toits, attendant les secours. Le réseau de téléphonie mobile est coupé depuis vendredi soir.
Le secrétaire adjoint à la Santé Mauricio Hernandez a mis en garde contre une possible épidémie de choléra et d'autres maladies apportées par l'eau croupie. «Avec autant de gens entassés ensemble, il y a le risque d'une contamination des maladies infectieuses». Et, si le président Calderon a demandé à l'armée de maintenir l'ordre, la radio locale rapporte de premières scènes de pillage, notamment de la part d'habitants désespérés saccageant les supermarchés.
Les rares routes non-inondées sortant de la ville sont encombrées de voitures, les habitants de Villahermosa tentant de gagner des zones moins touchées. Mais l'exode semble se dérouler sans incidents.
«Nous partons parce que nous ne pouvons pas vivre comme ça», explique Mauricio Hernandez, 27 ans, qui a payé un taxi pour aller jusqu'à Cardenas, 50km plus à l'est, où il envisage de prendre un bus pour le port de Coatzacoalcos. «On n'a pas d'eau et les refuges sont bondés. Où est-ce qu'on va aller?».
Au moins 6.000 personnes ont déjà gagné les centres d'hébergement d'urgence mises sur pied à Coatzacoalcos et Minatitlan, dans l'Etat voisin de Veracruz. Des milliers d'autres s'installent à l'hôtel, chez des amis ou des proches. Selon le maire de Coatzacoalcos, l'Etat de Veracruz a dépêché des bus à Villahermosa pour y récupérer les sinistrés.
Les pluies ont cessé, même si les météorologues prédisent de nouvelles précipitations pour les prochains jours. Et si nombre de cours d'eau sont stabilisés, ce n'est pas le cas de la Grijalva, dont les eaux continuent à monter à Villahermosa et ont déjà dépassé de 69 centimètres son précédent record de crue, selon la Commission nationale des eaux.