Savez vous que cette déforestation dont on vous parle si peu est responsable de 20 à 25 % de la production totale de CO2 sur la planète ? Elle est estimée à 5 900 millions de tonnes de CO2 par an soit un peu moins que la totalité des émissions des Etats Unis, plus gros émetteur de la planète à 7250 millions de tonnes et autant que la Chine la Russie 2005. L
Cette déforestation atteint trois zones principalement, le Brésil, l'Indonesie et le bassin forestier du Congo (Cameroun, Congo Brazzaville et République Centrafricaine). Le bassin du Congo est exploité pour l'industrie du bois, une activité traditionnelle de ces pays.Ils ont des législations qui comportent des obligations de replanter mais personne n'est là pour aller voir au fond de gigantesques forêts dans la brousse ce qui s'y passe. Et si par hasard un controleur y venait, la corruption ferait le reste.
Le Brésil et l'Indonésie déforestent à tout va l'un pour planter de la canne à sucre que l'on transforme en Ethanol pour le marché des carburants locaux ou à l'exportation( le E 85 suédois à ma connaissance), l'autre des palmiers à huile dont l'huile de palme est, là aussi, transformée en carburant. Le Brésil a ainsi déboisé 2.6 millions d'hectares en 10 ans de 1990 à 2000 et 3.1 supplémentaire en 5 ans seulement de 2000 à
Or une forêt ancienne, dite primaire, absorbe deux à trois fois plus de CO2 qu'une forêt récemment plantée et en début de croissance. C'est dire combien la perte sera difficile à compenser par des plantations nouvelles généres par le marché des droits d'émission mis en place par le protocole de Kyoto.
Le président indonésien,Susilo Bambang Yudhoyono, vient d'exprimer son point de vue à la conférence le Bali du 3 decembre sur Kyoto II, le successeur du traité de Kyoto. Il faudra que les pays développés, responsables de par leur industrialisation du XIXéme et du début de XXéme siécle de l'augmentation des émissions de CO2, payent pour cela. Même son de cloche pour le Brésil dont le président Lula a dit que l'on ne pouvait pas " convaincre les pauvres de ne pas abattre un arbre si on ne lui donnait pas en échange du travail et de la nourriture".A ceci prêt que Monsieur Lula semble oublier que ce sont plutot les riches qui abattent les arbres pour les remplacer par des plantations de canne à sucre dans lesquelles travaillent effectivement les pauvres et que la plus grande déforestation se passe en ce moment.
Il est vrai que le mécanisme des crédits issus des mécanismes de développement propres,- en clair le mécanisme qui permet à un industriel qui n'arrive pas à respecter ses quotas d'émission de racheter des crédits correspondants à son déficit d'émission sur le marché-, s'il a bien prévu que ces crédits puisse financer des plantations nouvelles, n'a rien prévu par contre pour éviter la déforestation.
Sur la base de ce que les pays industrialisés finiront par payer, tout le monde s'active pour savoir comment se partager la manne céleste. Le Brésil propose qu'on évalue en comparant des image satellites sur plusieurs années pour établir un taux de déforestation de base qui servira à calculer les financements correspondants aux objectifs de déforestation évitée qu'on lui fixerait. L'Indonesie a déjà calculée qu'un tel financement de la déforestation évitée pourrait lui permettre de toucher 15 milliards de dollars annuels sous forme de crédits de CO2. Les pays africains ne sont par contre pas satisfait du système de mesure par satellite car ils ont peur de moins recevoir de crédit de CO2, soit parce que leur forêts ont été effectivement moins détruites que celle de l'Amérique latine ou de lAsie, soit parce que la déforestation dans des forêts très hautes et très denses serait moins visible par satellite. Brefs ils ont peur de recevoir moins que ce qu'il estiment leur juste part à la grande distribution des crédit carbones. Et donc ils réclament que l'on prenne en compte non pas la déforestation acquise mais leurs besoins de développement futur.
Il est un point par contre sur lequel ils sont tous d'accord, c'est celui du paiement des crédits directement aux gouvernements! Il est vrai qu'il sera difficile de savoir qui devrait être le bénéficiaire de ces fonds pour déforestation évitée (l'indien ou le pygmée de la forêt,son habitant traditionnel, ceux qui déforestaient activement et qui désormais regarderont les arbres continuer à pousser sans rien faire, l'industriel brésilien ou Indonésien de l'Ethanol, le Chinois industriel du meuble etc.). Pour moi qui ait pu voir la corruption à l'oeuvre, une chose est sure par contre : Bien malin qui pourra suivre à la trace les fonds versés aux gouvernements jusqu'aux bénéficiaires finaux. La surface des forêts continuera peut être à diminuer un peu moins qu'avant la mesure, mais les dépots dans les banques suisses ou autres risquent par contre d'en bénéficier. Et le pauvre, cher au Président Lula, risque, lui, de passer devant la glace.
Un programme très important donc à mettre en oeuvre pour limiter nos émissions et sauver le climat de la planète mais un mécanisme à établir avec une extrème prudence.