Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon estime ce lundi, au moment où s'ouvre à Bali une semaine cruciale pour la lutte contre le réchauffement climatique, que "c'est maintenant au tour des politiques d'agir".
"Notre mission, à Bali et au-delà, sera de donner forme à la révolution mondiale qui se dessine -d'ouvrir la voie à l'ère de l'économie verte et du développement vert", déclare Ban Ki-moon dans une tribune au quotidien français Libération
"Les scientifiques ont fait leur travail. C'est maintenant au tour des politiques d'agir. Bali leur lance ce défi", poursuit le secrétaire général de l'ONU qui doit participer à la conférence sur le réchauffement climatique à Bali.
"Il nous manque en effet un dispositif mondial dans le cadre duquel nous, citoyens du monde, pourrons coordonner nos efforts pour lutter contre les changements climatiques", souligne-t-il.
"Nous ne savons pas à quoi pourrait ressembler cet accord", reconnait M. Ban, qui cite une "combinaison" d'outils: "devrait-il imposer une redevance sur les émissions de gaz à effet de serre ou créer un système international d'échange de droits d'émission de carbone? Devrait-il prévoir des mécanismes permettant d'empêcher la déforestation (...) ou aider les pays moins développés à s'adapter aux conséquences inévitable du changement climatique? (...)". Un tel accord pourrait aussi mettre l'accent sur "les carburants renouvelables" et "prévoir des dispositions pour le tranfert de nouvelles technologies vertes à travers le monde".
Selon M. Ban "nous pouvons agir par des moyens qui non seulement seraient relativement peu coûteux, mais favoriseraient également la prospérité". "Si les négociations s'enlisent, nous perdrons notre ressource la plus précieuse, à savoir le temps", met-il en garde.
Les négociations à Bali sur une parade globale au réchauffement climatique entrent lundi dans une semaine cruciale, avec l'intervention de ministres du monde entier pour des arbitrages qui s'annoncent tendus.
Parmi les personnalités attendues dans l'île indonésienne figurent le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et l'ex-vice président américain Al Gore, qui doit d'abord recevoir lundi à Oslo son prix Nobel de la paix pour ses efforts de sensibilisation au dérèglement du climat.
La conférence de Bali réunit plus de 10.000 personnes, dont des délégués d'environ 190 pays, des centaines d'experts, d'organisations non-gouvernementales et quelque 1.400 journalistes.
Son objectif principal est de tracer une feuille de route de négociations pour prolonger au-delà de 2012 le protocole de Kyoto, seul outil international pour freiner les émissions des gaz à effet de serre (GES), responsables du réchauffement.
Les scientifiques recommandent de les diviser par deux d'ici 2050 (80% pour les pays industrialisés) pour limiter le réchauffement à 2 degrés.
Or Kyoto (1997) ne prévoit qu'une modeste baisse de 5% des émissions des 38 pays les plus industrialisés pour 2008-2012. Qui risque de se limiter à un maigre recul de 3% compte tenu du retrait américain en 2001.
Les délégués présents à Bali sont conscients de l'"ambiance d'urgence" qui prévaut, selon l'expression d'un spécialiste forestier européen. Des milliers de personnes ont d'ailleurs manifesté samedi à travers le monde pour demander des mesures audacieuses.
Mais les discussions entamées le 3 décembre ont pour l'instant été laborieuses et les rares décisions prises sont très techniques.
Le patron de la Convention
"Ce qui m'inquiète un peu c'est que trop de sujets vont être transférés au haut niveau (de négociations) et que les ministres vont avoir beaucoup à faire, avec un temps très limité", a dit samedi M. de Boer.
"Je crois que chaque délégation comprend l'urgence mais je crois aussi qu'aucune n'oublie son intérêt national", a-t-il aussi déclaré dans une interview avec l'AFP.
De fait, des fossés continuent à diviser l'échiquier des négociations, d'une part entre le Nord et le Sud et d'autre part au sein des nations industrialisées, qui ont une responsabilité historique à assumer dans la "pollution climatique".
Les pays en voie de développement rejettent des objectifs internationaux contraignants pour freiner leurs émissions de gaz à effet de serre, au nom de leur droit à la croissance, mais cela est remis en question par des nations industrialisées comme le Japon ou le Canada.
D'autres pays riches - dont le premier pollueur et la première économie mondiale, les Etats-Unis, qui n'a pas ratifié Kyoto - refusent de se voir imposer des objectifs internationaux contraignants de réduction de leurs GES.
Il faudra désormais mettre les bouchées doubles lundi et mardi pour "déblayer" les problèmes, a insisté Yvo de Boer.
Selon Angus Friday, chef de l'Alliance des petits Etats insulaires (AOSIS), des îles menacées de disparaître avec la montée des océans, "il y a des écarts dans les tactiques de négociations et sur quand parvenir à un accord".
"En premier lieu, il est important que les pays les plus riches fassent preuve d'initiative et répondent à leur obligation morale afin que les autres nations suivent le mouvement", a-t-il estimé.